Éviter les départs forcés en Belgique ou les maintiens imposés à domicile : un dispositif conçu sous le précédent quinquennat pour offrir, à terme, à chaque personne handicapée une prise en charge adaptée vient d'être généralisé à tout le territoire.
Sur tout le territoire
Ce dispositif baptisé "Une réponse accompagnée pour tous", généralisé à tous les départements depuis le 1er janvier 2018, a été qualifié de "nouveau départ" par Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée du handicap, le 2 février (article en lien ci-dessous) devant les acteurs du secteur, réunis pour une journée d'échanges à Paris. Il s'agit d'une nouvelle organisation, visant à faire travailler plus étroitement services de l'Etat, départements, associations, personnes handicapées et leurs familles, a rappelé Mme Cluzel. Son ambition est d'avoir une offre de prise en charge "qui répond aux besoins" et qui soit "tournée vers le milieu ordinaire chaque fois que possible".
90 départements engagés
Fin 2015, 24 départements pionniers s'étaient engagés dans cette initiative visant à proposer à chaque enfant et adulte handicapé un accompagnement sur mesure. Il avait depuis été progressivement étendu, jusqu'à englober près de 90 départements en 2017. L'élément déclencheur avait été la victoire en justice, en octobre 2013, de la famille d'Amélie Loquet, une jeune femme de 19 ans lourdement handicapée, dont les parents devaient s'occuper à leur domicile depuis un an (article en lien ci-dessous). Le tribunal avait ordonné à l'État de trouver dans les 15 jours un établissement spécialisé adapté à son état.
Zéro sans solution
Le gouvernement avait ensuite chargé le conseiller d'Etat Denis Piveteau de proposer des mesures pour éviter les ruptures de prise en charge. Il avait remis son rapport, intitulé "Zéro sans solution", en juin 2014. Interrogé par l'AFP, Pierre Lagier, vice-président de l'Unapei (personnes handicapées mentales et leurs familles), a porté une appréciation "mitigée" sur la "réponse accompagnée pour tous". Sur le terrain, les solutions d'accueil qui sont trouvées sont en effet souvent "temporaires", a-t-il souligné. "On a beaucoup parlé de la transformation de l'offre médico-sociale", a ajouté M. Lagier. "C'est un dispositif très ambitieux dans les discours et les idées, il faut maintenant une mise en oeuvre effective, qui nécessite qu'on mette les moyens correspondants et que la société se transforme" en parallèle, pour mieux inclure les personnes handicapées.
Et la Belgique ?
Un rapport parlementaire a chiffré à près de 6 800 (1 451 enfants et plus de 5 300 adultes) le nombre de personnes handicapées accueillies dans des établissements en Belgique en 2015, faute de structures adaptées en France. Fin 2016, leur nombre avait dépassé les 7 000, des enfants et adultes souffrant de handicaps "complexes et lourds", dont une proportion "conséquente" sont atteints d'autisme, selon l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). L'Unapei estimait en outre que plus de 47 000 personnes étaient sans solution d'accueil en France fin 2015. L'enveloppe destinée à la prévention des départs forcés en Belgique a été "doublée en 2018", a déclaré Mme Cluzel. Selon le secrétariat d'Etat, elle est ainsi passée à 30 millions d'euros. Un 4e plan autisme "sera annoncé mi-mars", a ajouté Mme Cluzel.