Impact des violences sexuelles : un "coût du déni" édifiant

Les victimes d'agressions sexuelles payent "plein tarif". Un coût aussi pour la société estimé à 9,7 milliards par an, selon un rapport qui a évalué le montant des répercussions tout au long de la vie. 299 millions sont alloués rien qu'à l'AAH.

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« Je témoigne pour tous ceux qui en sont devenus fous, malades, réellement fous », explique une victime. Au-delà de la douleur personnelle, incommensurable, le prix des agressions sexuelles est lourd à payer pour la société, au sens propre. 9,7 milliards d'euros chaque année ! La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a rendu le 12 juin 2023 un rapport édifiant, estimant le « coût du déni », encore « massif » en France (Lire : Violence sexuelle et handicap: 1 Français sur 5 dans le déni). Cette évaluation inédite permet d'étudier l'ampleur du phénomène avec une autre grille de lecture. Parfois, les chiffres sont (malheureusement) plus parlants.

Un prix collectif

« C'est ce prix collectif que nous consentons à payer », affirme l'instance publique. Cette donnée tient compte des répercussions des violences sexuelles dans l'enfance, tout au long de la vie, à la fois au niveau des dépenses engagées « en réponse immédiate et ponctuelle » (police, gendarmerie, urgences, hospitalisations, justice, administration pénitentiaire) mais aussi au niveau de la santé, de l'emploi, de la perte de richesse engendrée… Il s'agit, selon la Ciivise, des « coûts liés au fait que les victimes de violences sexuelles dans l'enfance ont un risque plus important de bénéficier des allocations chômage, du RSA ou de l'allocation adulte handicapé (AAH) ». On estime ainsi à 299 millions d'euros le surcoût des dépenses d'AAH pour ce motif.

2,1 milliards d'euros de soins psy

D'autres postes de dépenses viennent alourdir cette « addition », à la fois amère et salée. Si la prise en charge médicale immédiate ne représente que 0,4 % du coût total, la dégradation de la santé physique et mentale tout au long de la vie compte pour 32,7 % de l'enveloppe. A titre d'exemple, 2,1 milliards d'euros par an sont consacrés rien qu'au traitement des troubles mentaux. C'est l'un des premiers postes de dépenses, mettant ainsi en évidence les graves conséquences psychologiques de ces agressions. Et que dire de l'impact psychotraumatique chez les enfants en situation de handicap ? « Ils ont un risque 2,9 fois plus élevé d'être victimes de violences sexuelles, et ce risque est 4,6 fois plus élevé si le handicap est lié à des déficiences cognitives », rappelle la Ciivise.

Ce rapport est loin d'être exhaustif : « Faute de données disponibles, ne sont pas compris les coûts liés aux arrêts maladie et ceux induits par la richesse 'non créée', à savoir les impôts non collectés, et à la perte de bien-être pour les victimes ».

Pour ne plus fermer les yeux sur ce fléau, même à l'âge adulte, l'association Coactis santé publie au même moment une fiche-conseils destinée aux professionnels de santé en cas de suspicion de violences sexuelles sur « une » patiente en situation de handicap (et pourquoi pas « un » car les garçons sont eux aussi des victimes potentielles ?) (Lire : Violences aux femmes : que faire quand on est soignant ?).

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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