Au Japon, environ 16 500 personnes et enfants ont été stérilisés en application d'une ancienne loi restée en vigueur jusqu'en 1996, selon des chiffres du ministère de la Santé. Cette pratique "a pu être acceptée dans le contexte de l'immédiat après-guerre" mais elle n'est plus tolérable aujourd'hui, a déclaré Takeo Kawamura, élu du parti au pouvoir, le Parti libéral-démocrate (PLD), lors d'une conférence de presse. Il a dit souhaiter mener "des investigations approfondies sur ce problème" dans le cadre d'une enquête parlementaire transpartisane. Une vingtaine de députés japonais se sont engagés le 6 mars 2018 à étudier la mise en place de mesures de compensation.
Pas de mesures générales ?
Cette page oubliée de l'histoire japonaise a refait surface fin janvier 2018 lorsqu'une femme d'une soixantaine d'années a décidé d'engager des poursuites contre le gouvernement (article en lien ci-dessous). Elle avait été stérilisée en 1972 à l'adolescence après qu'on lui eut diagnostiqué un handicap mental. Son avocate, Koji Niisato, a dénoncé l'inaction du gouvernement et du Parlement pour indemniser sa cliente, même bien après l'abandon de la loi. Interrogé sur cette plainte, un responsable du ministère de la Santé chargé de cette question avait indiqué à l'AFP que le gouvernement était prêt à discuter individuellement avec toute personne nécessitant une aide mais n'avait "pas l'intention de proposer des mesures générales" en faveur de toutes les victimes de stérilisations forcées.
Devant la justice
Au moins trois autres personnes, une femme et deux hommes, prévoient de saisir la justice, selon leurs avocats, et le dépôt d'une plainte collective est en train d'être étudiée. Des personnes atteintes de la lèpre ont également été forcées d'avorter au Japon en raison de politiques leur interdisant d'avoir des enfants. En 2005, un tribunal avait pour la première fois ordonné à l'Etat de verser des dommages à un ancien lépreux affecté par ce texte. L'Allemagne, la Suède et d'autres pays ont eu des lois eugénistes similaires.