Journée paralympique 2025 : la fête du parasport post-Jeux

Initier le public aux parasports, encourager les personnes handicapées à rejoindre les clubs, prolonger la magie de Paris 2024... La Journée paralympique, le 6 septembre à Saint-Ouen, promet défis, émotions et fête populaire aux côtés des champions.

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Des jeunes discutent avec un athlète en fauteuil roulant.

Envie de taper dans un ballon les yeux bandés ? D'essayer la boccia avec Aurélie Aubert ? Ou de vibrer au rythme d'un DJ set « en or » aux côtés de la championne paralympique de cyclisme sur piste Marie Patouillet ? Rendez-vous le 6 septembre, de 10h30 à minuit, à La Communale de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), pour la troisième édition de la Journée paralympique. Un an après les Jeux de Paris 2024, le Comité paralympique et sportif français voit les choses en grand : démonstrations, rencontres, expériences immersives et initiations à seize disciplines, du para taekwondo au volley assis, en passant par le cécifoot ou le para skateboard (programme complet sur le site du CPSF). Gratuite (sans inscription) et accessible, cette journée promet « une programmation inclusive et un accueil adapté à tous les publics ». L'enjeu ? Faire découvrir au grand public la richesse du parasport et convaincre les personnes en situation de handicap que le sport est à leur portée.

À quelques jours de l'évènement, Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF, revient sur les temps forts de cette journée « festive » mais aussi sur l'héritage, encore « fragile », de Paris 2024.

Handicap.fr : Quel est l'objectif majeur de cette Journée ?
Marie-Amélie Le Fur :
Dans le prolongement des éditions 2022 et 2023, elle vise à acculturer et engager le grand public autour des valeurs du paralympisme. L'objectif est de provoquer la rencontre entre les citoyens et les athlètes, de montrer l'émotion, la performance, le dépassement de soi. Cet evènement s'articule autour de quatre grands piliers :

  • Les initiations sportives : 16 disciplines, proposées par 15 fédérations, permettent de saisir la grande diversité des parasports.
  • Les rencontres avec les athlètes paralympiques de Paris 2024 ou en préparation pour Milan 2026.
  • Les expériences immersives : salles de réalité virtuelle, retours sur les Jeux, pour revivre les temps forts.
  • Une grande fête : culturelle et musicale, avec un hommage à l'équipe de France paralympique de 2024 en fin de journée.


H.fr : Comment cette édition s'inscrit-elle dans la dynamique post-Paris 2024 ?

MALF : Elle montre que la mobilisation perdure. Entre 70 et 80 athlètes seront présents, dont certains en pleine préparation pour les Jeux d'hiver. Cela illustre l'engagement du mouvement paralympique.

Notre volonté est d'inscrire cette journée dans la durée et, à moyen terme, d'en faire un événement qui se décline aussi en région. Nous réfléchissons à la manière de faire infuser cette dynamique sur tous les territoires, avec le même niveau d'exigence et de qualité.

H.fr : Combien de participants attendez-vous ?
MALF : Lors de la première édition, nous avions accueilli 20 000 personnes. On espère que le succès des Jeux de Paris 2024 incitera de nombreuses familles à venir découvrir, s'initier et échanger.

H.fr : Un an après les Jeux, plusieurs athlètes et acteurs du mouvement paralympique dénoncent un héritage au point mort (Jeux paralympiques : un an après, la fête est bien finie). Michaël Jérémiasz, ancien champion de tennnis-fauteuil, estime notamment que la « révolution promise n'a pas eu lieu » et parle même d'une « trahison politique ». Que répondez-vous à ces critiques ?
MALF : Je comprends les attentes et les frustrations, mais je ne partage pas ce constat global. L'héritage est là, notamment en matière de notoriété : plusieurs athlètes disent que leur carrière a pris un tournant depuis Paris 2024. Le grand public, les élus, les institutions identifient beaucoup mieux ce qu'est le parasport.

On observe aussi une vraie maturité dans le monde sportif. Depuis 2018, le nombre de fédérations membres du CPSF a doublé. Le programme Club inclusif a formé 2 800 clubs à l'accueil des personnes handicapées (3 000 clubs inclusifs pour booster le parasport). Cette dynamique ne faiblit pas.

Mais, effectivement, il faut aussi être lucide. Le recul du budget des Sports en 2025 est une véritable alerte. Il a fragilisé le mouvement sportif et menace la transition que nous avions engagée. C'est d'autant plus préoccupant que les perspectives budgétaires 2026 sont peu rassurantes.

Plus globalement, nous n'avons pas assisté à une « révolution » dans le quotidien des personnes en situation de handicap. Il y a eu des avancées sur certains territoires, mais pas de bascule nationale. Le regard a changé, oui. Mais il faut maintenant des politiques publiques à la hauteur de cette transformation sociétale.

La bonne nouvelle, c'est qu'on a une nouvelle opportunité avec les Jeux paralympiques d'hiver de 2030 dans les Alpes françaises. On doit mobiliser dès maintenant pour construire un nouvel élan, et notamment aborder la question de la montagne inclusive, encore très peu investie.

H.fr : Constatez-vous tout de même des effets tangibles dans la pratique du parasport ?
MALF : Oui, très clairement. La Fédération française handisport a enregistré une hausse de 22 % des licenciés dans certaines disciplines comme la boccia. Deux ans plus tôt, personne ne connaissait ce sport ; aujourd'hui, tout le monde connaît Aurélie Aubert ! Et cette tendance est confirmée dans d'autres fédérations : sport adapté, triathlon, badminton… On observe un véritable essor de la demande et, ce, dans une diversité de sports et de profils de handicaps. C'est l'un des vrais succès de Paris 2024, cela montre que les messages ont été reçus, que les représentations évoluent.

H.fr : Quels leviers concrets pourraient être activés rapidement pour éviter un essoufflement post-Jeux ?
MALF : Il y a deux leviers essentiels :

  • L'école : trop d'enfants handicapés, scolarisés en milieu ordinaire, sont écartés des cours d'EPS, par choix du corps médical, de la famille ou de l'établissement. Il faut comprendre les blocages et mieux former les enseignants.
  • Le rôle des professionnels de santé : ils doivent être formés à l'importance du sport pour orienter les personnes vers les clubs. Beaucoup ignorent encore l'existence d'outils comme le HandiGuide ou Trouve ton parasport. Mieux informer ces relais est indispensable pour faciliter la pratique.

H.fr : Pourquoi a-t-on le sentiment que l'ambition politique autour du parasport s'est affaiblie ?
MALF : Je ne crois pas qu'elle ait disparu, en tout cas pas au niveau du ministère des Sports, qui reste très mobilisé. La ministre actuelle connaît bien ces enjeux et continue à soutenir nos projets. Mais il y a une grande disparité territoriale. Certains départements, comme l'Aube récemment, font preuve d'une vraie ambition ; d'autres, moins. Et, dans un contexte économique tendu, beaucoup de collectivités hésitent à investir. On a surtout besoin d'un nouveau souffle, d'impulsions fortes. J'espère que la stabilité politique à venir permettra de relancer cette dynamique, pas seulement sur le sport, mais aussi sur l'inclusion dans son ensemble.

H.fr : Quel rôle peuvent jouer les athlètes paralympiques, les médias et les citoyens dans ce combat pour une société plus inclusive ?
MALF : Chacun a une responsabilité. Beaucoup d'athlètes acceptent d'être plus que des sportifs, ils deviennent ambassadeurs d'un changement de société, un rôle parfois lourd à endosser. L'inclusion ne repose pas que sur les épaules des personnes concernées. Ce sont nos comportements du quotidien, à tous, qui construisent une société plus ouverte. L'école, l'entreprise, la rue, le sport : chaque geste compte. Si on mobilise l'énergie de 60 millions de personnes, on pourra changer durablement les choses.

H.fr : Un an après Paris 2024, quelle image forte vous reste-t-il en mémoire ? Et quelle serait, pour vous, la vraie victoire de l'héritage paralympique ?
MALF : La ferveur du public. Ce que j'ai vu dans les salles m'a profondément marquée : une émotion collective, un soutien massif aux athlètes, français comme internationaux. Je remercie personnellement le public français d'avoir compris l'enjeu des Paralympiques. Nos homologues européens nous ont dit combien cette expérience avait transformé leurs délégations. La vraie victoire ? Ce serait de faire perdurer cet élan, pour engager des transformations structurelles en France et à l'échelle internationale. Et ça commence maintenant !

© CPSF

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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