Par Laurie VEYRIER
Des Jeux, Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) et de l'Agence nationale du sport (ANS), se souvient surtout « de la ferveur, l'engouement ». Pour le champion paralympique de triathlon Alexis Hanquinquant, il y eut « cette émulsion dans les gradins, partout ». Il y a un an, Paris accueillait ses premiers Jeux paralympiques, un évènement qualifié de succès avec entre autres près de 13 000 heures de diffusion ou encore 2,5 millions de billets vendus.
Quelles retombées une fois la vasque éteinte ?
La « visibilité des athlètes », le fait que « beaucoup de personnes en situation de handicap ont compris qu'elles pouvaient faire du sport », ou encore le bon fonctionnement du programme lancé par le CPSF, Club Inclusif (pour accompagner les clubs vers l'accueil), sont autant de paramètres soulignés par Marie-Amélie Le Fur quand elle en vient à évoquer les retombées positives, une fois la vasque éteinte.
Retour à la réalité
Est-ce que les Jeux changent la vie ? « Un peu quand même » admet le nageur Alex Portal, conscient de « l'impact médiatique » de l'événement et de ce « rêve » vécu à domicile, où il a décroché quatre médailles dont trois en argent. Mais la réalité a aussi rattrapé nombre d'acteurs. « On a eu quelques infrastructures, des licenciés, mais on sent peut-être une déception du mouvement sportif de voir que sitôt les Jeux finis, on oublie un peu le sport », regrette le joueur de Cécifoot et président de la Fédération française de handisport, Gaël Rivière.
Baisse des crédits dans le budget 2026
Un sentiment auquel n'est pas étrangère la baisse envisagée de 18 % des crédits jeunesse et sport dans le budget 2026. C'est l'« incompréhension » pour Gaël Rivière, « un sentiment de trahison » pour Marie-Amélie Le Fur bien qu'elle « comprenne la situation économique du Pays » : « Nous avons eu coupe budgétaire sur coupe budgétaire. Et entendre que le budget 2026 va être encore réduit, c'est incompréhensible pour nous et notre écosystème ».
Le parasport, discipline oubliée
Le parasport pourrait-il encore plus en pâtir ? Sans doute selon Gaël Rivière, qui évoque le « retard à combler en matière d'infrastructures accessibles, de personnel formé, d'accès au sport ». « C'est difficile à dire, mais il ne faut pas se voiler la face, poursuit Marie-Amélie Le Fur, prenant pour exemple le développement du parasport dans un club, si on doit faire un choix car le budget est drastique, peut-être que certains acteurs vont se réorienter vers le financement du sport qui rapporte le plus ».
Pour Alexis Hanquinquant « les politiques nous ont martelé un message d'héritage pendant des mois, et encore une fois ils n'ont pas tenu leurs promesses ». Côté sportifs, le retour sur terre a aussi été plus ou moins difficile, quand le sujet sponsors et partenaires arrive sur la table. Pour Alex Portal, « ils ont quasiment tous reconduit après les Jeux, j'ai eu de la chance de ce côté-là ». Hanquinquant a lui aussi conservé une partie de ses partenaires – « il n'y a pas que des mauvais élèves » - mais « globalement le constat est difficile ».
Après la période dorée, beaucoup d'incertitudes
Marie-Amélie Le Fur est consciente que Paris-2024 a été une « période dorée » avec « une grande capacité à aller chercher des partenaires mais je ne pense pas qu'on s'attendait collectivement à un retrait aussi massif. Cela s'explique aussi par la situation budgétaire qui amène beaucoup d'incertitudes ».
Quelle perspective pour les Jeux 2028 ?
Médaillée de bronze en double mixte en para-tennis de table, Flora Vautier admet qu'elle aurait souhaité « que cela fonctionne plus, que les entreprises ouvrent les yeux sur nos besoins. S'il n'y a pas de revenus, il est compliqué de faire le tour de la terre pour se qualifier dans des compétitions ». Et selon Alexis Hanquinquant, dans la perspective des Jeux-2028, « on peut craindre que certains jettent l'éponge avant même de savoir si sportivement ils en sont capables, sans soutien financier. On traverse un petit creux de la vague, ajoute-t-il. J'espère que début 2026, certains chefs d'entreprises se rendront compte qu'il faut remédier à cela ».
©Fédération française de tir à l'arc / X