La bataille juridique autour de Vincent Lambert, un patient tétraplégique de 38 ans en état végétatif depuis six ans à la suite d'un accident de la route (lire article complet en lien ci-dessous), n'en finit plus. Le 24 juin 2014, le Conseil d'Etat s'était prononcé pour l'arrêt des soins le maintenant en vie. Selon ses médecins, « aucune communication même sommaire n'a jamais pu être établie avec lui ». La plus haute juridiction administrative française jugeait ainsi légale la décision médicale prise par l'hôpital de Reims de mettre fin aux traitements de Vincent Lambert, en vertu d'un maintien en vie considéré comme une « obstination déraisonnable ».
La CEDH s'oppose au Conseil d'Etat français
Avant même d'attendre la décision du Conseil d'Etat, la veille, ses parents avaient saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Cette dernière vient de faire savoir qu'elle s'oppose à la décision du Conseil d'Etat français. « La CEDH, fidèle à ses traditions (...), interdit qu'on touche à un cheveu de Vincent Lambert », a déclaré maître Triomphe, avocat des parents, sur la chaîne France Info. C'est pourquoi le Cour européenne, qui siège à Strasbourg, a demandé en urgence au gouvernement français de faire suspendre l'exécution de cet arrêt pendant la durée de cette procédure qui permet d'imposer aux Etats certaines mesures urgentes et provisoires, « à titre exceptionnel », en cas de « risque réel de dommages graves et irréversibles » pour les requérants. La Cour entend de pencher sur le cas de Vincent Lambert en priorité alors que l'examen de certaines requêtes peut parfois prendre plusieurs années.
Contre la volonté de Vincent ?
Rappelons que Vincent, ancien infirmier psychiatrique, avait fait savoir avant son accident qu'il ne souhaitait pas être maintenu artificiellement en vie s'il se trouvait dans un état de grande dépendance. C'est d'ailleurs sur cet argument que s'est en partie fondé le Conseil d'État pour rendre sa décision, soulignant, par le biais de son vice-président, Jean-Marc Sauvé, que si « l'état médical le plus grave, y compris la perte irréversible de toute conscience, ne peut jamais suffire à justifier un arrêt de traitement, une attention toute particulière doit être accordée à la volonté du patient ». Un vœu que souhaite respecter l'épouse de Vincent, un de ses neveux et les médecins du CHU de Reims où il est hospitalisé. « Notre intention n'était pas de donner la mort mais de respecter la volonté de Vincent, confiait Éric Kariger, son médecin.» Ce à quoi s'opposent ses parents, catholiques traditionalistes, et une partie de sa famille, qui dénoncent une tentative d'assassinat d'un « handicapé ».
Une décision à venir…
La CEDH a ordonné au CHU de Reims de continuer à alimenter et hydrater son patient de manière artificielle, craignant qu'il ne soit déplacé en Belgique où réside son épouse depuis quelques temps, pays où l'euthanasie est légale. La bataille juridique se poursuit et le débat sur la fin de vie n'en finit pas d'alimenter les controverses. Même si ce cas doit être traité en urgence, l'examen et le jugement sur le fond par la CEDH pourraient encore prendre des mois.