Par Raphaël Perry
7 septembre 2024. Il est presque 22 heures lorsque la France est sacrée championne paralympique de cécifoot. Dans la liesse de cette victoire au Champ de Mars, France Télévisions promet de "mettre en lumière" ce sport devant les près de 4,2 millions de téléspectateurs qui suivent l'exploit de Frédéric Villeroux et sa bande. Cinq mois plus tard, elle a été tenue à l'occasion de la troisième journée du championnat de France, le 8 février 2025 à Mérignac, près de Bordeaux, avec deux matches -Schiltigheim-Bondy et Bordeaux Toulouse- diffusés en direct sur France 3 NoA (pour Nouvelle-Aquitaine) et sur le site de France TV.
Une ouverture au grand public
"Au niveau sociétal, c'est important", reconnaît l'entraîneur de l'Unadev (Union nationale des aveugles et déficients visuels) Bordeaux, Yannick Le Colvez, encore tout heureux également d'avoir "été invité à la soirée du Ballon d'Or", "une belle reconnaissance". "C'est tellement rare d'avoir des handisports retransmis à la télé qu'on ne peut que s'en réjouir. Il faut espérer que les autres disciplines puissent bénéficier aussi de la même aura", ajoute-t-il. "J'étais l'un des plus perplexes quand France Télévisions l'a dit. Elle le fait, c'est bien, c'est génial pour le para sport. Ça va permettre au public qui n'a pas pu venir aux Jeux ou n'a pas eu le temps de les regarder à la télé de découvrir le cécifoot", se réjouit Frédéric Villeroux, héros de la finale contre l'Argentine à Paris et porte-drapeau de la discipline.
Le manque de terrain spécifique
"J'avoue que la figure de Frédéric est extrêmement porteuse, prolonge Yannick Le Colvez. Quand on le regarde jouer, on n'est pas insensible. En plus, il est de bonne composition donc il est toujours prêt à être la locomotive de ce sport." À 41 ans, l'inoxydable capitaine des Bleus s'est démené pendant des semaines avec son entraîneur pour trouver un terrain pour accueillir cette journée si spéciale. Car c'est tout le paradoxe de Bordeaux, considéré comme le Real Madrid du cécifoot (16 titres nationaux, 15 Coupes de France) mais qui ne dispose d'aucun terrain spécifique.
Des joueurs sans terrain fixe
Jusqu'à présent, l'équipe girondine devait délocaliser ses matches à domicile à plusieurs centaines de kilomètres, à Précy-sur-Oise (Oise) ou Bondy (Seine-Saint-Denis). "Ça fait un peu pleurnicheur quand j'entends ça, mais on n'est pas du tout des nomades, sourit Yannick Le Colvez. C'est juste qu'on n'a pas le Roudourou (le stade de Guingamp qui accueille les matches européens de Brest) chez nous, si je peux dire. C'est tout ce qui nous manque." Pour s'entraîner, l'Unadev jongle entre des terrains prêtés par le CREPS, les centres de football à cinq "Urban Soccer" ou les mairies. "On arrive à avoir des installations, elles ne sont pas parfaites, on croise des valides constamment mais c'est une autre richesse également", poursuit Le Colvez, par ailleurs guide au sein de l'équipe de France.
Un "réel effet JO"
Le 8 février, les matches ont eu lieu sur un terrain synthétique de rugby, avec une petite tribune de 180 places, pour encourager les champions paralympiques présents et de nouveaux venus. "On a quelques joueurs qui sont venus suite aux Jeux. Il y a un réel effet JO", sourit Le Colvez. Parmi les nouveaux, Bienvenu Boni, avocat au barreau de Bordeaux, qui a intégré l'Unadev fin 2024. "J'ai toujours aimé le cécifoot mais je ne savais pas qu'il existait une équipe ici, dit-il. Je l'ai découverte juste en novembre par le biais d'un ami, raconte le novice. Évoluer avec des stars est un paramètre qui fait que nous évoluons très vite. Ils nous filent les conseils, les explications, les orientations. Et ça, ça sert beaucoup lors des matches."
© Instagram cecifootfranceofficiel
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