Par Sabine Colpart
Installé à Paris depuis deux ans, Théo Curin vit à un rythme d'enfer. Le Lorrain, de retour d'une soirée animée au Festival de télévision de Monte-Carlo, reçoit l'AFP au petit matin pour une journée chargée et somme toute plutôt... ordinaire pour lui. Après avoir claqué la porte de son appartement, il file directement à sa voiture. Direction la banlieue sud-ouest pour les derniers réglages de son nouveau véhicule qu'il attend impatiemment... Amputé des quatre membres à 6 ans à la suite d'une méningite foudroyante, Théo Curin a passé le permis à 18 ans, et roule depuis avec ses prothèses aux jambes et un levier au côté droit du volant dans lequel il insère son moignon. Sa dextérité impressionne.
Diversité d'expériences
Mais pas le temps de s'attarder, l'ancien médaillé mondial de natation a d'autres rendez-vous. Après avoir avalé une pizza, il enchaîne sur une visioconférence avec une société pour préparer son intervention lors d'un séminaire, l'une de ses nombreuses activités. "Je n'ai pas de métier. Et je ne veux pas être juste sportif, juste comédien. Ce que j'aime, c'est cette diversité, tenter plein d'expériences et peut-être un jour faire des choix. Avec l'idée de progresser dans ces domaines-là. Je suis novice dans tout ce que je fais, j'apprends sur le terrain et c'est ça qui me plaît", souligne Théo Curin, un sourire d'enfant permanent.
Soif de défis (inédits)
Après avoir collecté trois médailles mondiales et participé aux Jeux paralympiques en 2016, il a fermé le chapitre de la compétition pour s'engager dans des défis aventureux. En novembre 2021, il réussissait la traversée en autonomie du Lac Titicaca avec la nageuse Malia Metella et l'aventurier Matthieu Witvoet (article en lien ci-dessous). Cette fois, il se prépare pour un périple en solitaire : nager 57 km lors de la mythique course en eau libre Santa Fe-Coronda, en Argentine (article en lien ci-dessous). Ce qu'aucun nageur handisport n'a encore fait. "C'est difficile pour moi d'avancer dans la vie sans quelque chose pour me projeter. Je n'avais plus rien pour me lever le matin (après le défi sur le lac Titicaca). On m'avait parlé de cette fameuse course. Nager pendant 15 heures, je n'ai jamais fait ça de ma vie", avance-t-il, "toujours avec cette idée de vouloir être le premier à tenter, à marquer les esprits".
Acteur, chroniqueur, mannequin... et tonton gâteux !
Et c'est dans l'après-midi de cette journée bien chargée que Théo Curin se jette à l'eau de la piscine extérieure de la Croix Catelan pour s'entraîner, encore et encore. Non sans avoir auparavant échangé quelques SMS avec sa maman, puis sa sœur aînée, qui le bombarde de photos de son petit garçon, dont Théo est le "tonton gâteux". Addict au sport qui le "ramène à la vraie vie", le jeune homme est aussi acteur, avec un téléfilm diffusé en mai sur TF1 (Handigang), un rôle dans la série culte Plus belle la vie (France 3) mais également dans la série Vestiaires (France 2). Il anime une chronique dans le Magazine de la Santé (France 5), joue les guest-stars sur les plateaux de jeux télé (Fort Boyard, Pékin Express), prend la pose pour incarner les produits de soins hommes de la marque Biotherm et s'investit dans une collection de vêtements Lacoste, "qui facilite le quotidien tout en restant fashion !"
"Pour moi"... puis pour inspirer
"Tout ce que je fais aujourd'hui c'est dans un premier temps pour moi. Je suis reconnaissant, j'ai de la chance de vivre les opportunités que j'ai aujourd'hui, beaucoup de personne aimeraient être à ma place. Et si dans un second temps ça peut inspirer certaines personnes ou remotiver ceux qui en ont besoin, tant mieux. C'est aussi une récompense pour moi", glisse celui qui n'aurait "même pas osé rêver" à tout ce qu'il vit aujourd'hui. La journée touche à sa fin. Enfin pas tout à fait. Maintenant, il est l'heure de voir "les potes". "J'ai 22 piges, c'est le moment de m'amuser avec des gens que je kiffe !"