DERNIERE MINUTE DU 12 SEPTEMBRE 2022
Avec la collaboration d'Alix Lefief-Delcourt, le trio sort un livre le 21 septembre 2022 (Larousse). Son titre ? Défi Titicaca, l'incroyable traversée à la nage de trois sportifs hors normes. Comment s'est formé le trio de choc ? Pourquoi se lancer un tel défi ? Comment rester une équipe soudée face à l'imprévu et à la peur ?
Ce livre aux images spectaculaires d'Andy Parant, spécialiste des photos d'aventure et d'expéditions, retrace toutes les étapes du défi, des quatorze mois d'entraînement aux onze jours de traversée, en immersion avec les nageurs. Il aborde aussi l'après : Comment se sent-on après avoir accompli un tel exploit ? Que rapporte-t-on d'une telle aventure sportive et humaine ? Et quel héritage pour ce défi ?
Théo, Malia et Matthieu se livrent avec humour et sincérité. 30 % des droits d'auteur seront reversés à l'association bolivienne Agua Sustentable.
ARTICLE INITIAL DU 21 NOVEMBRE 2021
Le nageur français paralympique Théo Curin, âgé de 21 ans, a achevé le 20 novembre 2021 à 3 800 mètres d'altitude, la traversée du lac Titicaca, le plus haut du monde, en arrivant aux îles de los Uros, au Pérou. Amputé des quatre membres quand il avait six ans à la suite d'une méningite foudroyante, il a réalisé cet exploit en dix jours aux côtés de deux autres sportifs français, la vice-championne olympique de natation Malia Metella, 39 ans, et de l'éco-aventurier Matthieu Witvoet, 27 ans. Ils s'étaient jetés dans les eaux glacées du lac le 10 novembre depuis la plage du village de Copacabana en Bolivie (articles en lien ci-dessous). Après plus de dix jours de nage, le trio a rallié les rives péruviennes après plus de 108 km, en totale autonomie, en tractant à tour de rôle leur radeau de survie de 500 kilos à bord duquel ils mangeaient et dormaient. Les Péruviens ont salué cet exploit sans précédent en leur réservant un accueil triomphal.
Des conditions extrêmes
C'est soulagés et épuisés que les trois nageurs ont franchi la ligne d'arrivée de leur folle traversée. Dès le premier jour, ils ont dû faire face à des conditions météo imprévisibles, excessivement rudes (vent, pluie, grêle, orages…) les empêchant de progresser comme prévu et remettant en question l'organisation et la stratégie de nage élaborées par l'équipe avant le départ. Le trio a dû s'adapter à chaque instant, pour se mettre à l'abri ou au contraire avancer le plus possible lors des fenêtres météo favorables. Les nuits à bord ont également été très agitées et n'ont donc pas permis aux nageurs de se reposer comme ils l'auraient souhaité. Malia, Théo et Matthieu ont dû se relayer régulièrement afin de ne pas trop dériver ou d'endommager le radeau. Grâce à leur soutien mutuel, ils ont pu surmonter les moments de doute, de découragement, de peur mais aussi la fatigue extrême pour chaque jour continuer à avancer et venir à bout de cet exploit encore jamais réalisé.
Titicaca, une mer, des tempêtes
Théo, quatrième du 200 m nage libre aux Jeux paralympiques de Rio 2016 et double vice-champion du monde, se dit « soulagé que ce défi soit terminé » parce qu'il l'a mis face à certaines difficultés qu'il ne « soupçonnait absolument pas ». Il ne s'attendait pas à « l'engouement » autour de cette traversée, qu'il n'a découvert qu'en arrivant puisque les aventuriers étaient déconnectés de tout durant dix jours. « Quand j'ai commencé à lire tous les messages, je me suis dit que le message était passé. C'était vraiment important pour moi », confie le jeune homme.
Malia a, quant à elle, « encore du mal à réaliser qu'on l'a fait ! ». Quand elle a accepté d'accompagner Théo dans ce défi, elle ne savait pas vraiment dans quoi elle s'embarquait, « lui non plus je pense », ajoute-t-elle. « Personne nous avait dit que le Titicaca n'était pas un lac mais une mer (8 562 km2)… Cela nous aurait certainement permis de mieux nous préparer aux conditions extrêmes auxquelles nous avons été confrontés mais nous avons néanmoins réussi en passant au travers trois tempêtes ». Au moment de leur arrivée, elle a cru à une consécration olympique : « C'était comme le jour où j'ai touché le mur aux Jeux olympiques et que je comprenais que j'étais vice-championne ! »
Vocation écologique
Après cette traversée intense, le trio laisse « Pachamama » entre les mains de l'IRD (Institut de recherche pour le développement) et ses partenaires de l'Université de La Paz qui vont ainsi pouvoir l'utiliser dans le cadre de leurs missions de recherche sur le lac Titicaca. Au-delà du défi sportif, cette expédition revêtait également une dimension environnementale et solidaire particulière. Les trois nageurs comptent ainsi mettre en lumière les problématiques écologiques et sensibiliser le plus grand nombre. Leur radeau était d'ailleurs fabriqué à partir de déchets.
©andyparant.com