Le point commun entre la mononucléose et la schizophrénie ? Peut-être un virus. Selon une étude américaine publiée le 20 novembre 2018 dans la revue Schizophrenia Bulletin, il existerait un lien entre le virus d'Epstein-Barr (EBV), responsable notamment de la mononucléose infectieuse, également appelée maladie du baiser car elle se transmet par la salive, et le risque de développer la schizophrénie. Alors, étrange coïncidence ou grande découverte ?
Des anticorps réactifs à l'EBV
743 personnes ont participé à cette étude hors-norme, menée par des spécialistes du Maryland (Etats-Unis). Les chercheurs les ont réparties en deux groupes pour pouvoir mesurer les niveaux d'anticorps anti-EBV grâce à des « analyses multivariées incorporant des mesures cliniques, génétiques et démographiques », assurent-ils dans la revue Schizophrenia Bulletin. D'un côté, 432 patients souffrant de schizophrénie et, de l'autre, 311 personnes ne présentant aucun antécédent de troubles psychiatriques. Conclusion : le premier groupe (avec schizophrénie) a un niveau d'anticorps de 1,7 à 2,3 fois plus élevé. Des résultats d'autant plus surprenants que le virus d'Epstein-Barr est le seul à laquelle les défenses immunitaires ont réagi ; les chercheurs ont, en effet, également pratiqué des analyses avec d'autres maladies qui peuvent se transmettre oralement, comme la varicelle ou des virus de la famille de l'herpès, mais le taux d'anticorps n'a pas grimpé en flèche.
Nouvelle approche de prévention ?
Pour autant, le lien de cause à effet entre mononucléose et schizophrénie n'a pas encore été confirmé et les spécialistes ne savent pas quelle maladie pourrait être à l'origine de l'autre. Le virus Epstein-Barr accroit-il le risque de présenter des troubles psychiques ou est-ce la schizophrénie qui affecte le système immunitaire et rend les patients sujets aux infections ? Pour le Dr Robert Yolken, principal auteur de l'étude, ces résultats indiquent, en tout cas, que « la prévention et le traitement du virus d'Epstein-Barr pourraient représenter une approche de prévention et de traitement de troubles psychiatriques sévères comme la schizophrénie », confie-t-il dans Science alert.
Seule certitude, pour éviter la propagation de la mononucléose, les scientifiques préconisent une hygiène impeccable : se laver régulièrement les mains, se protéger des éternuements et éviter tout contact oral avec des personnes susceptibles d'être infectées.