"Où sont vos promesses ?" : deux ans après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, des centaines de personnes handicapées, dont un grand nombre en fauteuil roulant, ont manifesté le 14 mai 2019 à Paris leur colère et leur déception face à l'action du gouvernement pour améliorer leur vie quotidienne, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les promesses du candidat Macron
"Il y a un décalage absolument immense entre les annonces du candidat" Macron, "et la réalité que nous vivons au quotidien", décalage qui "explique notre immense colère", a dit à la tribune le président de l'association APF France Handicap, Alain Rochon. Les manifestants, dont certains sont arrivés de plusieurs villes de province à bord de minibus formant une "caravane pour les droits", portaient des pancartes proclamant "On ne demande pas la lune : pouvoir se loger, se déplacer, vivre avec dignité", "Mon handicap c'est l'inaccessibilité", ou encore "Liberté, égalité, mobilité". Selon une récente enquête Ifop (article en lien ci-dessous) réalisée pour l'APF auprès de 2 534 personnes handicapées et 933 proches, seules 6% considèrent que la situation des personnes handicapées s'est améliorée depuis le précédent quinquennat et 11% se disent satisfaites de l'action du chef de l'Etat.
Les oubliés de la République
"On est un peu les oubliés de la République", déplore ainsi Miguel Monteiro, un habitant de Seine-Saint-Denis de 36 ans, qui se déplace en fauteuil. Sur son t-shirt, un pictogramme représente une personne handicapée dont le fauteuil chute du haut d'un escalier, avec cette inscription "Sans marche". "Chaque homme politique, quand il se présente à une élection, veut faire du handicap une grande cause nationale, mais en fait on recule, on ne nous entend pas, rien n'avance", ajoute M. Monteiro. Pour Noëlle Mary-Llopis, une militante venue de Montpellier, "ça fait plus de 40 ans qu'on nous promet l'accessibilité et c'est toujours reporté, les lois ne sont pas respectées". "Nous, quand on veut aller au restau, on ne regarde pas les étoiles sur Tripadvisor, mais d'abord si c'est accessible", déplore-t-elle.
Quelles revendications ?
Parmi leurs revendications, les militants demandent que la notion de handicap soit inscrite dans la Constitution - de manière à assurer l'égalité des citoyens devant la loi "sans distinction de sexe, d'origine, de handicap ou de religion" -, et de mettre fin à l'"injustice" qui consiste à prendre en compte les revenus du conjoint dans les critères d'attribution de l'allocation adulte handicapé (AAH). L'APF souhaite également que tous les logements neufs construits en France soient accessibles aux personnes handicapées - et non pas 20% d'entre eux, comme le prévoit la loi "Elan" adoptée en octobre dernier. L'association espère que cette mobilisation pèsera sur les annonces qui seront faites par le président de la République dans quelques mois, lorsqu'il clôturera la Conférence nationale du handicap.