Handicap : 89 % des sondés n'ont pas confiance en Macron !

89 % des personnes handicapées mécontentes de l'action d'Emmanuel Macron et autant qui ne lui font pas confiance. 2 ans après son arrivée au pouvoir, l'heure est au bilan. Le 2e baromètre France handicap de la confiance reflète un ras-le-bol général.

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89 % des personnes en situation de handicap seraient mécontentes de l'action d'Emmanuel Macron. Le 7 mai 2019, deux ans jour pour jour après l'élection du Président de la République, l'heure est au bilan. Seuls 11 % se disent satisfaites, une baisse de 4 points par rapport à 2018. Ces chiffres sont tirés du 2e baromètre France handicap de la confiance, réalisé par l'Ifop, à la demande de l'association APF France handicap. 3 467 personnes concernées par le handicap ont répondu à un questionnaire en ligne, 600 de plus que l'an dernier. Une mobilisation « massive » et « inédite » selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, pour exprimer un « ras-le-bol » général.

Promesses non tenues

Premier reproche fait au Président : des promesses non tenues. 83 % des répondants contestent la tenue des engagements pris à l'occasion de sa campagne en 2017. En conséquence, 89 % n'ont pas confiance en lui et son gouvernement pour une meilleure prise en compte de leurs difficultés dans la société. Frédéric Dabi note une « évaluation extrêment sévère quelle que soit la thématique. Aucun sujet ne booste la confiance ». Une méfiance qui ne cesse de progresser puisqu'en 2018, 14 % lui faisaient confiance contre 11 % aujourd'hui, dont une majorité d'adhérents à APF France handicap qui, « grâce à l'accompagnement de l'association, obtiennent une meilleure prise en charge de leurs droits », estime son président, Alain Rochon. Cette défiance s'aggrave notamment concernant l'accessibilité aux lieux publics (86 %), aux transports (87 %), au logement (90 %) et la lutte contre la pauvreté (92 %). Plus de 8 répondants sur 10 font état de difficultés financières. 39 % déclarent même s'en sortir « très difficilement », à commencer par les personnes en situation de handicap mental et celles ayant un polyhandicap. Plus globalement, 9 sondés sur 10 affichent un état d'esprit négatif face à la situation économique et sociale de la France, soit une hausse de trois points en un an. 74 % se disent révoltés, 17 % résignés, contre 6 % de confiants et 1 % d'enthousiastes. « Ca commençait bien pourtant ! intervient, amer, Alain Rochon. Emmanuel Macron annonce que le handicap est un dossier prioritaire de son quinquennat, le secrétariat d'Etat est rattaché au Premier ministre et non plus au ministère de la Santé, certaines personnes handicapées obtiennent des droits à vie... »

Avancées relatives

APF France handicap note tout de même des avancées, comme la revalorisation de l'AAH (Allocation adulte handicapé) mais « masquées » par des reculs comme un nouveau calcul de la prise en compte des revenus du conjoint, qui prive des centaines de milliers de personnes de leurs droits. « De plus en plus de jeunes en situation de handicap hésitent à se marier à cause de ces plafonds, mais dans quel monde vit-on ? », interroge Alain Rochon. L'association déplore également un « bond en arrière de 50 ans, voire plus » avec la loi ELAN qui a pour conséquence la baisse du nombre de constructions de logements neufs accessibles aux personnes handicapées. « Il ne faut pas s'étonner des réactions violentes, mis bout-à-bout, ça fait beaucoup ! », ajoute-t-il. En bref, 43 % des sondés considèrent que la situation des personnes handicapées s'est dégradée en 2019, tandis que 51 % estiment qu'elle n'a pas évolué. Un bilan « sombre » pour cette première partie de quinquennat qu'il est peut-être encore temps de rattraper… Pour la grande majorité des sondés, l'évolution prioritaire est d'ordre économique. 54 % réclament des allocations ou pensions pour sortir de la précarité et 49 % le financement d'aides humaines et matérielles liées au handicap. Viennent ensuite l'accès à l'emploi, au logement, à la santé, à l'éducation, ainsi que la sensibilisation du grand public au handicap... Les préoccupations individuelles ferment la marche : vie affective et sexuelle ou encore familiale épanouie, accès aux loisirs et aux voyages, à une activité physique, à la culture...

Caravane « En route pour nos droits » !

Pascale Ribes, membre du bureau de l'association, déplore « un décalage considérable entre les mesures prises et la réalité vécue par les personnes handicapées. Elles ont toutes les raisons d'être mécontentes et comptent bien le faire savoir. » Pour faire entendre leur voix, la caravane APF France handicap « En route pour nos droits » va sillonner la France du 7 au 14 mai, « parce que nos droits sont bafoués, ne sont pas respectés et ne sont pas réels  », explique Alain Rochon. Cette initiative s'inspire de la « Marche des oubliés », organisée par des militants de l'association, deux ans plus tôt, pour interpeller les candidats à la présidentielle sur le sort des personnes handicapées (article en lien ci-dessous). Départ aujourd'hui de Strasbourg, ville symbolique puisqu'elle abrite le siège du Parlement Européen, Grenoble et Rennes, puis de Montpellier dans quelques jours. Sur leur trajet les minibus qui composent cette caravane feront plusieurs étapes pour échanger et débattre avec la population et les élus. Cinq thèmes, définis par APF France handicap grâce aux remontées des citoyens sur sa plateforme collaborative mise en ligne lors du Grand débat national, seront abordés : pouvoir exercer ses droits fondamentaux, se loger, bénéficier de ses propres ressources et vivre dignement, être autonome et financer cette autonomie, et pouvoir se déplacer. Ils s'accompagneront d'une dizaine de revendications formulées par l'association, à commencer par l'introduction du handicap dans la Constitution française en l'ajoutant dans l'article 1er : « La France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d'origine, de race, de handicap ou de religion ». APF France handicap demande également de revenir à 100 % de logements accessibles, de supprimer la prise en compte des ressources du conjoint dans la base de calcul du montant de l'AAH, de faire respecter les obligations d'accessibilité et d'appliquer dès maintenant « les sanctions pour tous les établissements recevant du public » qui ne seraient pas aux normes, d'élargir le périmètre de la Prestation de compensation du handicap (PCH) aux activités domestiques et à l'aide à la parentalité, etc. A chaque étape, la caravane prendra un peu plus d'ampleur.

RV à L'Elysée ?

Le 14 mai, 22 minibus entreront dans la Capitale jusqu'à la place de la République, point de ralliement des manifestations. Arrivée prévue entre 12h30 et 13 heures, « en espérant qu'il n'y aura pas trop de CRS pour nous empêcher d'avancer », lâche Alain Rochon. Ce même jour, il sera reçu à l'Elysée pour remettre une lettre ouverte à Emmanuel Macron portant les revendications de millions de personnes en situation de handicap et déjà signée par plus de 15 000 personnes. « Je ne sais pas encore qui m'accueillera », avoue Alain Rochon. En attendant, l'association attend du Président qu'il prenne des décisions « concrètes », dès la conférence nationale du handicap (CNH) prévue en juin 2019 -« même avant, dans l'idéal »- et qu'il respecte sa promesse de faire du handicap une priorité de son quinquennat.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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