Vous vous êtes mariés en septembre 2015. Depuis quand songiez-vous à cette union ?
Après dix ans de couple, nous avions déjà évoqué plusieurs fois le sujet. Mais nous ne nous sommes décidés qu'en mars de cette année. Certaines personnes nous ont dit que le délai était trop court mais nous aimons bien les défis.
Les préparatifs sont nombreux : mairie, fleuriste, bijoutier, coiffeur, photographe, salle des fêtes, traiteur… Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Un couple d'amis s'est marié un mois avant nous ; nous lui avons demandé quelques conseils. Mais les préparatifs de notre mariage ont ressemblé à ceux de n'importe quel couple. Le plus difficile a été de trouver la robe ainsi que la voiture de Cynthia. Pour la photographe, nous avons choisi son ancienne auxiliaire de vie qui s'est aujourd'hui reconvertie dans sa passion. Sarah aime travailler sur des séances peu traditionnelles où le corps n'est pas forcément celui parfait des magazines. Nous ne regrettons pas car elle a su saisir l'atmosphère de notre mariage en restant discrète et sans être gênée par nos différences. Pour le côté décoration et musique, nous avons eu la chance d'être aidés par nos familles. C'était très rassurant car nous savions que, le jour J, il nous serait impossible de nous rendre sur place avant le mariage, Cynthia devant se préparer chez nous pour plus de confort.
Est-ce facile de trouver une mairie accessible, qui plus est avec une salle des fêtes non loin ?
Pour la mairie et la salle, tout a été assez facile. La maman de Cynthia vit à Irigny (à côté de Lyon mais déjà un peu à la campagne), et le cadre nous plaisait bien. Il se trouve que la mairie et les salles des fêtes étaient accessibles, nous confortant immédiatement dans notre choix.
Pensez-vous qu'il serait opportun que des sociétés organisatrices de mariage se spécialisent (ou se créent) pour celui de personnes en situation de handicap ?
Nous ne sommes pas du tout d'accord avec le principe d'entreprises spécialisées dans le handicap. Si nous voulons que les personnes handicapées soient considérées comme les autres alors pourquoi créer des services à part ? Au contraire, il faudrait que chaque magasin, chaque prestataire prévoit de s'adapter à tout type de client. Et, soyons utopistes, les entreprises devraient le faire avec les mêmes tarifs pour tout le monde.
Comment se sont déroulés vos enterrements de vie de jeune fille/garçon ?
Cynthia : Ce sont mes témoins qui ont tout organisé. Nous n'avons pas fait d'activités hors du commun car peu de choses de ce genre me sont accessibles. Par contre, elles me connaissent très bien et savent que je vis bien mon handicap. Pour m'indiquer la route, elles avaient fait une pancarte « Handi, c'est par ici ». Un clin d'œil amusant. Ce fut un week-end réussi mais aussi très confortable ; elles avaient anticipé mes besoins en prévoyant par exemple des retours chez moi pour que je puisse passer aux toilettes sans souci. Cette attention m'a énormément touchée même si cela peut sembler un détail car, quand je suis avec des amis moins proches, je passe mon temps à me retenir ou à m'empêcher de boire pour ne pas casser l'ambiance.
Grégory : La première journée, nous sommes allés faire du karting près de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Ils proposent un kart avec commandes au volant pour les personnes en situation de handicap. Le 2e jour, nous sommes allés à Disneyland Paris. Comme un de mes témoins est en fauteuil électrique, j'ai noté toutes les attractions qu'il était possible de faire si nous y retournons avec Cynthia.
Cynthia, tu étais resplendissante dans ta robe de mariée ! Le bas épousait même les contours de ton fauteuil électrique ! Comment as-tu fait pour trouver un modèle sur mesure ?
Trouver ma robe a été le vrai challenge de ce mariage. Au début de l'aventure, je me disais que je n'aurais jamais de vraie robe longue. En fait, mes membres inférieurs sont très douloureux et je ne peux pas passer de vêtements sous mes jambes. Quand j'ai commencé à chercher sur Internet des boutiques lyonnaises, je me suis dit que cela allait être une vraie galère d'expliquer mes besoins à un vendeur et je l'imaginais en train de me dire « Mais, vous ne pouvez pas du tout vous lever ? ». Pour éviter cela, j'ai donc tapé « robe de mariée fauteuil roulant » sur un moteur de recherche. J'ai alors vu une vidéo qui parlait d'un jeune créateur, Romain Brifault (article en lien ci-dessous), qui a terminé son premier défilé de mode par une mariée en fauteuil roulant. Romain m'a bien fait comprendre que ce n'étaient pas mes besoins qui devaient guider la conception de cette robe mais d'abord mes envies de femme. Il avait vraiment la volonté de travailler pour moi ; j'étais sa première cliente en fauteuil électrique. Finalement, je n'ai eu à faire qu'un seul essayage à Paris et Romain a su créer la robe parfaite. Jamais un vêtement n'a été si facile à enfiler. Eh oui, ma robe de mariée est plus facile à mettre que mes tenues quotidiennes. C'est un comble !
Grégory, tu te déplaces en fauteuil manuel et tu peux te transférer seul alors que Cynthia se déplace exclusivement en fauteuil électrique. Comment avez-vous fait pour trouver un véhicule adapté ?
Cynthia a loué un véhicule à une société lyonnaise, Handynamic. Cela a été assez facile mais nous avons regretté qu'aucun modèle de « belles » voitures n'existe pour les fauteuils.
Au moment de la cérémonie civile, l'adjoint au Maire a lu de manière un peu machinale son feuillet : « A présent, je vais demander aux mariés de se lever… ». Oups ! Il s'est excusé pour sa gaffe. Beaucoup de personnes ont applaudi mais tout le monde n'a pas souri pour autant. Qu'en avez-vous pensé ?
Nous aimons rire de tout et cette gaffe nous a plutôt fait rire et a permis à Cynthia d'arrêter de pleurer !