Par Simon Avon
A Marseille, 300 collégiens ont participé, le 13 mai 2024, à la première édition des "Ulisiades", leurs Jeux olympiques à eux, composées d'épreuves sportives incluant élèves en situation de handicap -essentiellement avec des troubles autistiques- et élèves valides. Et c'était "tarpin bien" (super bien) selon Kelian, 14 ans !
Ulis : 10 000 classes adaptées
Ces "Ulisiades" sont nées du dispositif Ulis, pour Unité localisée pour l'inclusion scolaire, un programme dans certains établissements de France qui permet de mieux intégrer dans les classes, avec un emploi du temps adapté à leur handicap, ces élèves trop souvent maintenus à l'écart car vivant avec des troubles du spectre de l'autisme ou des fonctions cognitives. A la rentrée 2023, il existait 10 272 Ulis, incluant entre 13 et 14 enfants chacune, sur les 59 650 établissements scolaires en France, selon les données du ministère de l'Education nationale.
Promouvoir l'activité physique
Chaque unité est encadrée par un enseignant spécialisé, comme Laurent Zaffran pour celle du collège Marseilleveyre, à l'origine de ces olympiades d'un nouveau genre. Enseignant le français et les maths, ce rugbyman amateur a souhaité "utiliser le sport comme vecteur d'inclusion" pour ses élèves en situation de handicap et promouvoir la pratique physique chez ces jeunes "souvent plus enfermés par les écrans", qui "n'osent pas pratiquer en dehors des temps scolaires".
Une section handisport au SMUC
Pour organiser l'événement, il s'est donc associé au SMUC (Stade Marseille université club), qui a créé sa section handisport en juillet 2023. "Nous accueillions déjà des personnes handicapées dans certaines disciplines mais, à la demande du comité handisport, nous avons créé cette section qui, pour l'instant, n'accompagne que des projets comme ces ulisiades", raconte Noé Bérenger, le président de cette nouvelle branche du club.
300 élèves s'activent en "chœur"
L'arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai, et l'organisation des Jeux leur ont permis de faire financer l'événement par le ministère des Sports. Les 300 élèves, de la 6e à la 3e, issus de 15 collèges de Marseille, sont réunis dans le stade Jean-Bouin, au sud de la ville. Sous le soleil du mois de mai, après un 1 000 mètres en ouverture, couru par les enseignants encadrants des classes d'Ulis, les enfants se réunissent d'abord pour un échauffement en musique. Chaque classe se déplace ensuite d'activité en activité : course à pied, lancer de balle dans un cerceau, jeux avec des ballons de rugby...
Des activités encadrées
Jules, 14 ans, avec le syndrome d'Asperger, se réjouit de cette "fête" qui lui permet de "faire du sport, se divertir", avec ses copains. Elève en 4e au collège Marseilleveyre, il a été chargé de rédiger un article sur cet événement, pour le journal de son établissement, et il rêve de devenir un jour grand reporter. Elyes, son camarade valide, confirme que la rencontre avec des personnes en situation de handicap oblige à "s'adapter". Mais il est ravi de leur "donner de la force" dans ce qu'elles entreprennent. Pour ces olympiades, l'adaptation passe par des "consignes claires et simples pour chaque activité" et un "besoin de plus d'encadrement", détaille Noé Berenger. Ainsi, sur la journée, on compte près d'un encadrant pour trois élèves.
Se divertir et faire du sport ensemble !
Cet objectif d'accessibilité transparaît aussi chez les clubs de sport inclusifs invités pour l'événement : "On prend le temps, on tâtonne aussi sur notre approche, en fonction des retours", explique le président du Canaille skateboard club, Karim Chérif. Mais "s'ils s'amusent et qu'ils ne se font pas mal, j'ai tout gagné". Elève d'Ulis en 5e au collège André-Malraux de Marseille, Raphaël, 14 ans, est effectivement "très content d'être ici pour sortir et faire du sport" avec tous ses copains. Et à 15h30, comme tous ses camarades, il a participé à la cérémonie de remise des médailles.
© Image d'illustration générale / Oksanashufrych / Canva