« Pour les enfants en situation de handicap et ceux qui bénéficient d'une mesure de protection (ndlr : placés au sein de l'Aide sociale à l'enfance », le droit à l'éducation est « souvent mis à mal ». C'est la Haute autorité de santé (HAS) qui l'affirme le 27 septembre 2021. En complément des autres acteurs institutionnels, comme l'Education nationale, celle qui s'attache à notre « santé » s'adresse aux professionnels du secteur social et médico-social (ESSMS), qui ont, eux aussi, un « rôle essentiel à jouer » au sein de la communauté éducative. Pour les guider, elle publie donc des « recommandations de bonne pratique ».
Evolution globale nécessaire
Le bilan est le suivant... Plusieurs facteurs compliquent la scolarité de ces enfants, selon la HAS : des « attendus de l'école souvent en décalage avec leurs besoins et leurs capacités, des ruptures dans leurs parcours de vie qui favorisent le risque d'être déscolarisé, des représentations négatives de leur potentiel de réussite… ». Elle juge donc « nécessaire » une « évolution globale », insistant sur la « participation de l'enfant à la construction de son parcours scolaire » via un vrai « projet personnalisé ». Consentant que ce n'est « pas évident », elle prône un « accompagnement » ou des « compensations individuelles », avec « une attention particulière et des pratiques spécifiques » (tels que le projet personnalisé ou le plan d'accompagnement global). La HAS définit comme « axe essentiel » le recueil des besoins et des attentes de l'enfant. C'est aussi « lui permettre de développer des liens amicaux avec ses camarades à l'école » ou encore « sécuriser toutes les périodes de transition, plus nombreuses pour ces enfants et qui constituent un risque accru de rupture ».
Impliquer davantage les parents
La HAS encourage, par ailleurs, à donner toute leur place aux parents, qui « augmentent les chances de bien-être à l'école et de réussite ». Elle précise néanmoins que ce « soutien » doit se manifester par une « approche positive, reposant sur l'intérêt bienveillant pour les apprentissages scolaires, l'encouragement de l'enfant dans ses efforts, la valorisation de ses compétences et de ses progrès, la confiance dans sa capacité de réussite ». « A l'exception des cas dans lesquels la relation parents-enfants est fixée par décision de justice (qui font l'objet de recommandations dédiées), les parents sont les principaux acteurs de la scolarité de l'enfant et doivent être associés comme tels », complète la HAS. Cela implique, pour les professionnels sociaux et médico-sociaux, de s'adapter à la situation singulière de chaque famille, en mettant en place « une coopération constructive ».
Une vraie « communauté »
Elle livre, enfin, quelques conseils pratiques, comme « un aménagement des espaces et une organisation du quotidien propices aux apprentissages » et encourage une « coopération accrue » et un « partenariat solide et réactif » avec les autres intervenants, notamment ceux de l'Education nationale, afin de mieux partager les informations autour de l'enfant. Certains ESSMS peuvent être amenés à intervenir directement auprès des établissements dans le cadre de missions d'appui-ressource. Ils doivent alors « viser la transmission de leur expertise sociale et médico-sociale » au sein de l'école. Et pourquoi ne serait-elle pas mise à contribution pour tous les autres élèves, afin de créer un « climat relationnel positif » et d'aménager des « espaces plus inclusifs » ? Pour aller plus loin, la HAS organise un webinaire sur le sujet le 14 décembre 2021.
Le médico-social sur la touche
Coopération renforcée avec le médico-social, c'est aussi le credo du gouvernement qui met en place plusieurs mesures en ce sens afin de briser la glace entre deux univers qui sont restés longtemps hermétiques l'un à l'autre. C'est par exemple le déploiement des Equipes mobiles d'appui à la scolarisation (EMAS) qui a été généralisé à l'ensemble du territoire pour permettre l'intervention d'équipes pluridisciplinaires lorsque les enseignants accueillant des élèves en situation de handicap en ressentent le besoin. La prise de position de la HAS ne fait que consolider ce cap. Pourtant, dans le même temps, des voix s'élèvent, notamment celle de l'ONU. Après avoir analysé en août 2021 la politique handicap de la France, elle promeut un changement encore plus radical, allant jusqu'à réclamer la fermeture de tous les établissements médico-sociaux, y compris celle des « classes spéciales séparées dans les écoles ordinaires » ; selon lui, elles « perpétuent la stigmatisation et l'exclusion » (article en lien ci-dessous). Un juste équilibre reste-il à trouver dans un modèle encore trop centré sur la « santé » ?