Militaires : le plan de l'Etat pour les blessés de guerre

Simplification administrative, extension des droits, prévention du syndrome de stress post-traumatique... L'Etat a présenté son Plan blessés 2023-2027 pour accompagner les blessés militaires et leurs proches, mettant l'accent sur le psychique.

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« Il y a toujours un après retour de mission ». C'est par ces mots que Patricia Miralles, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées, a inauguré le 10 mai 2023 le Plan 2023-2027 pour « accompagner les militaires blessés et leur famille ». S'il est difficile d'évaluer leur nombre, le ministère table sur 7 500 demandes de pensions militaires d'invalidité à l'instant T. Derrière ces données administratives, des blessures tant physiques que psychiques, des quotidiens bouleversés, des handicaps à vie. Or « certaines procédures sont devenues inadaptées à l'évolution des blessures, notamment psychiques », admettent d'une même voix Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Patricia Miralles. L'objectif de ce plan : « prendre en charge tous les blessés, toutes les blessures, tout le parcours et tout l'entourage ». En substance, le gouvernement s'engage à simplifier les démarches administratives et à mieux gérer la reconstruction et l'accompagnement du militaire blessé et des familles. Pour ce faire, 170 millions d'euros seront alloués sur la période 2023-2027. 

Simplifier les démarches

Dans le détail, ce sont 116 mesures, dont douze phares. Parmi elles, la fusion des demandes de pension militaire d'invalidité et d'indemnité complémentaire dite « Brugnot ». Ces deux allocations, qui doivent couvrir les pertes de revenus et les préjudices liés à l'impossibilité de continuer certaines activités, seront désormais accessibles via une seule et même demande. De même, le plan prévoit un renouvellement automatique d'une pension arrivée à échéance.  Par ailleurs, grâce à la « réparation intégrale », plus besoin de prouver la faute de l'Etat quand la blessure émane de celui-ci pour les blessés en opérations extérieures (OPEX). Il sera également possible de qualifier certaines pathologies dues à des exercices militaires répétés tels que les sauts en parachute ou la plongée sous-marine en maladie professionnelle, sans nécessité de le prouver. « L'application de principes qui fondent la relation de l'administration avec les administrés comme le 'dites-le nous une fois' ou la présomption de bonne foi vont grandement faciliter l'accès aux droits pour nos blessés », commentent les ministres.

Focus sur les blessures psychiques

Au fil des seize pages qui composent cette feuille de route, et même si son approche se veut « globale », le gouvernement a surtout mis l'accent sur l'aspect psychologique. D'après l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONaC), le nombre de blessés psychiques s'élève à 3 000, voire 3 500. Un chiffre qui comprend tous les conflits de la deuxième moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle, du Liban au Rwanda, en passant par l'Afghanistan ou encore la Somalie. Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) seront-ils (enfin) pris en compte à la hauteur du phénomène ? Ce syndrome qui survient à la suite d'un évènement traumatisant est particulièrement fréquent dans la population militaire, confrontée à des situations violentes sur les terrains de guerre. Pour « mieux prévenir, mieux diagnostiquer, mieux soulager », l'Etat entend d'abord « développer les dispositifs de réhabilitation », tels que le pôle de réhabilitation de l'Institution nationale des Invalides ou le Village des blessés qui doit ouvrir en 2025 à Fontainebleau à l'initiative du Centre national des sports de la défense. Il compte par ailleurs inaugurer dix maisons Athos en France ; portant le nom du célèbre mousquetaire, ces lieux de vie accueillent d'anciens militaires avec un diagnostic de TPST qui tentent de se reconstruire. Pour l'heure, quatre ont ouvert en France : à Toulon, Cambes près de Bordeaux, Aix-les-Bains et Pluneret dans le Morbihan.

Sensibiliser au syndrome de stress post-traumatique

Les autorités souhaitent également « renforcer la sensibilisation de tous sur le syndrome de stress post-traumatique, particulièrement des commandants d'unité et des familles » ou encore développer les dispositifs d'accueil de proches éprouvés comme les Maisons des familles au sein des hôpitaux d'instruction des armées. Pour certains, la reconstruction passera par le sport (Lire : Ukraine: la reconstruction par le sport de blessés de guerre ) ou par un retour à l'emploi. Les initiatives en cours, comme l'amélioration du dispositif des emplois réservés (qui permet d'accéder à la Fonction publique sans concours), y contribueront, promet l'Etat. Pour connaître les mesures exhaustives de ce Plan blessés 2023-2027 , rendez-vous sur le site du ministère des Armées.

Des RV dédiés

Le Medef (Mouvement des entreprises de France) et le major général des armées organisent le 25 mai 2023 (10 à 12h) à Paris (55 avenue Bosquet) un colloque sur « La reconversion professionnelle dans le parcours de réhabilitation psycho-sociale des militaires blessés : quel rôle pour l'entreprise ? ». Il s'inscrit dans le cadre des travaux menés par le groupe de travail du Comité liaison défense du Medef « Accompagnement des blessés vers l'emploi ».

Pour rappel, à l'échelle internationale, la 6e édition des Invictus Games, compétition sportive dédiée aux blessés de guerre initiée par le Prince Harry en 2014, aura lieu à Düsseldorf (Allemagne) du 9 au 16 septembre 2023 (Lire : Invictus Games: 500 blessés de guerre s'affrontent à La Haye ).

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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