Dans le quartier Latin, entre Sorbonne et Luxembourg, des centaines de restaurants, une zone touristique et conviviale propre à la promenade du week-end. Mais, en ce vendredi soir, pour Damien, c'est un parcours du combattant. Ce jeune parisien en fauteuil roulant ne parvient plus à se déplacer librement. La faute aux dépôts d'ordures qui s'accumulent sur les trottoirs de la Capitale à la suite du mouvement de grève des éboueurs qui manifestent contre la réforme des retraites. Depuis mi-mars 2023, une dizaine d'arrondissements est concernée. Des tonnes de déchets entassés ! La Capitale, mais aussi d'autres villes comme Nantes, est devenue une décharge à ciel ouvert.
Rouler sur la chaussée !
« Dans les petites rues où les trottoirs sont étroits, je ne peux pas faire plus de dix mètres à cause des montagnes d'ordures qui s'amoncellent et m'obligent à descendre sur la chaussée alors qu'il n'y a pas de passage surbaissé, témoigne Damien. Je suis obligé de rouler sur la chaussée, déjà bien entamée par les travaux en cours dans le quartier, ou dans les voies de bus, avec un vrai risque pour ma sécurité ». Mêmes difficultés pour les personnes aveugles se déplaçant avec une canne car les déchets et cartons en tous genres emportés par le vent jonchent le sol. Cette situation rappelle à Damien la sortie du confinement où les restaurants avaient été autorisés à ouvrir des terrasses éphémères en plein air, compliquant sa progression. Il dit « ne pas contester le mouvement et soutenir les revendications » mais admet vivre un « moment particulièrement galère » qui le contraint à ne plus sortir car « devant chez lui, le bateau n'est plus accessible ».
Une asso monte au créneau
« A cela, s'ajoutent des grèves à répétition dans le fonctionnement du service public des transports en commun, ce qui pénalise fortement les personnes handicapées dans leur mobilité, déjà très entravée du fait du manque d'accessibilité en France », explique Mathieu Annereau, président de l'APHPP (Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées), lui-même non-voyant, qui tente d'alerter dans un communiqué. Il juge ces « ces entraves aux déplacements et ces mises en insécurité graves » et demande que des « mesures adéquates soient prises pour qu'une telle situation cesse ». Il martèle que « le handicap, lui, ne fait jamais grève ». L'APHPP a ainsi « demandé en Loire-Atlantique au préfet d'intervenir en réquisitionnant du personnel afin de faciliter le ramassage des poubelles ». Une réponse est attendue…
Difficile équilibre entre une colère contre une réforme, que dénoncent 70 % des Français, et une accessibilité encore davantage contrariée pour tous ceux qui sont à mobilité réduite !