Une annonce vient clore une semaine de critiques à la suite des déclarations du gouvernement sur le rapport du projet de loi Grand âge et autonomie « tant que la crise sanitaire ne sera pas jugulée » (article en lien ci-dessous). Le 21 janvier 2021, avec Olivier Véran, ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, ministre dédiée à l'Autonomie, confie à Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFPS), une nouvelle mission sur ce thème. C'est lui qui, déjà, en septembre 2019, avait remis sa copie avec 175 propositions de réforme pour faire face à ce vaste chantier.
3 priorités concrètes
Aujourd'hui, sa mission « opérationnelle » porte sur trois priorités concrètes pour les acteurs de terrain :
• 1. La généralisation d'un guichet unique pour les personnes en perte d'autonomie dédié à l'accueil, l'information, l'orientation, l'accompagnement dans les démarches et l'accès aux droits à la suite de la création de la 5e branche de la Sécurité Sociale en 2020 ;
• 2. La nécessaire articulation des professionnels de santé et des professionnels du grand âge sur les territoires en s'appuyant sur les bonnes pratiques de coopération pour simplifier la vie des personnes ;
• 3. La création et l'animation d'un comité « autonomie et parcours de soins » pour décloisonner les différents secteurs, favoriser les échanges et renforcer les dynamiques territoriales en faveur du parcours des personnes âgées.
Les propositions issues du comité opérationnel seront examinées lors d'une réunion mensuelle « avec l'ensemble des acteurs du secteur » pour « donner lieu à des actions fortes et rapides », selon le ministère de l'Autonomie.
Et le handicap ?
Si Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, semble partie prenante en étant citée dans ce communiqué, ce dernier ne mentionne que les personnes âgées. « L'objectif est de simplifier l'accès à l'information pour les personnes âgées et leurs proches mais aussi de fluidifier leurs parcours », explique en effet Brigitte Bourguignon. « Le titre du communiqué parle bien de l'autonomie mais le reste beaucoup moins », a réagi Arnaud de Broca, président du Collectif handicaps. Il ajoute que « le point 1 n'est pas ciblé Grand âge, et les missions des guichets uniques ressemblent beaucoup à celles des MDPH (Maisons départementales de personnes handicapées) ». S'agit-il d'une mission sur le déploiement des Maisons départementales de l'autonomie, qui seraient donc les déclinaisons départementales de la 5e branche ? « Ce sujet concerne pleinement le handicap et le chantier MDPH 2022 lancé par Sophie Cluzel, poursuit Arnaud de Broca, et nécessite une étroite collaboration entre ministres mais aussi avec les associations de personnes handicapées. » Il s'étonne que les points 2 et 3 ne mentionnent que le Grand âge alors que le deuxième concerne aussi le handicap.
Sortir de l'approche en silo
« Décidément, cette réforme s'engage de manière assez étrange, en empilant les rapports et études (également celui de Luc Broussy), sans jouer pleinement la carte de l'évolution historique que pourrait constituer cette nouvelle 5e branche, qui devait être le marqueur social de la fin du quinquennat », regrette Arnaud de Broca, qui invite à « sortir d'une approche en silo pour envisager une approche globale sur les politiques de l'autonomie ». Cette annonce a été faite à la suite d'une réunion à laquelle n'étaient visiblement pas conviés les représentants associatifs, en tout cas pas ceux du champ du handicap, « ce qui n'augure pas d'une volonté de construire cette réforme avec les personnes », déplore le président du Collectif handicaps. Une réunion mensuelle étant annoncée, il espère que « leurs associations y seront conviées ».