Vers un nouveau report du projet de loi Grand âge et autonomie, qui doit venir compléter la création de la 5è branche de la Sécurité sociale dédiée (article en lien ci-dessous) ? Quatre fédérations de l'aide à domicile (Una, Adédom, ADMR, FNAAFP/CSF) se disent « révoltées » après la déclaration de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, le 13 janvier 2021 : « Ces deux réformes (retraites et Grand âge) restent à l'agenda de ce quinquennat dès lors que la situation sanitaire nous permettra de les reprendre. Les Français comprendront bien que notre boussole, c'est la gestion de cette crise ». En réalité, pas tous… « Voulu par le Président de la République et annoncé avant l'automne 2019 comme le marqueur social de ce quinquennat, ce projet de loi, sans cesse repoussé, ne peut plus attendre !, ripostent ces associations dans un communiqué. Il y a urgence à ce que le gouvernement passe des paroles aux actes et engage de vrais moyens pour le domicile ». Elle devait être votée en septembre 2021 pour une application en 2022.
Le handicap sur la touche ?
Même impatience dans les rangs du Collectif handicaps, avec un bémol en plus, que les personnes handicapées n'y trouvent pas leur place. « Cela ne devait pas être une loi Grand Âge mais une loi autonomie, quels que soient l'âge, l'état de santé et le handicap de la personne », a-t-il tweetté. Il a adressé un courrier au Premier ministre en ce sens. Pour Jérémy Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), « ce report est un signal très décourageant et en totale contradiction avec les ambitions affichées par le gouvernement ». Il réfute que tout soit mis « sur le dos de la crise ». Selon lui, c'est « une question de choix et de priorité ». « Alors que la création d'un ministère dédié à l'Autonomie a inutilement entretenu le flou durant plusieurs mois sur le périmètre de son action en résumant la politique de l'autonomie au seul -mais certes vaste- chantier du grand âge et en écartant systématiquement les questions liées aux handicaps, nous apprenons maintenant que ce ministère ne sert finalement à rien. Ne perdons pas de temps, remettons nous tous autour de la table et poursuivons la mise en place de la nouvelle branche de la protection sociale en lui allouant les moyens nécessaires », exhorte-t-il.
Des métiers revalorisés
« L'heure n'est plus aux débats, encore moins aux diagnostics », s'impatientent les quatre fédérations de l'aide à domicile, réclamant à leur tour une « décision politique ». Les rapports de Dominique Libault, Myriam El Khomri, Denis Piveteau et du Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge mettent en évidence l'impérieuse nécessité de revaloriser les métiers de l'aide et des soins à domicile et d'identifier des financements pérennes pour le secteur. D'autant que, face à la crise actuelle, il est aujourd'hui, faute de personnel et de moyens financiers, déjà impossible d'honorer toutes les demandes d'accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap. Pour faire une piqûre de rappel, elles ont annoncé le lancement d'une campagne de sensibilisation du grand public fin janvier 2021. Peut-être un début de réponse a-t-il été donné le 19 janvier par Brigitte Bourguignon ? La ministre dédiée à l'Autonomie annonce la création d'une douzaine de plateformes départementales des métiers de l'autonomie. Cette expérimentation sur 36 mois vise à susciter de nouvelles vocations et à répondre aux besoins en recrutements dans le secteur.
Les associations continuent néanmoins d'exiger la mise en œuvre de cette loi avant l'été 2021 avec des financements à la hauteur des besoins. Les annonces du gouvernement laissent présager un tout autre calendrier : des discussions pas avant 2022 lorsque la crise sera, peut-être, jugulée !