17 % des enfants à partir de 6 ans sont en surcharge pondérale et près de 4 % sont obèses. Malgré une stabilisation de ces chiffres depuis 2006, la Haute autorité de santé (HAS) alerte sur les risques de santé liés à une obésité non suivie durant l'enfance et l'adolescence, pour certains réellement handicapants. Difficultés respiratoires, troubles musculo-squelettiques, risque accru de fractures, hypertension artérielle, apparition des premiers marqueurs de maladie cardiovasculaire (…) sont en effet une réalité pour nombre d'entre eux. Les conséquences sont également d'ordre psychologique ; le jeune en surpoids aura probablement une mauvaise image de son corps, sera sujet au harcèlement et verra peut-être ses résultats scolaires chuter.
Le handicap au cœur des enjeux
Pour accompagner les soignants, personnels médico-sociaux et familles, la HAS publie en février 2022 un guide de 150 pages articulé en une dizaine d'axes (en lien ci-dessous). La démarche fait date. En effet, le sujet est enfin apprécié d'un point de vue socio-sanitaire global. Les problèmes de poids ne sont pas seulement liés à un simple souci d'équilibre alimentaire ; l'obésité est bel et bien une maladie multifactorielle. A ce titre, le handicap fait l'objet d'un chapitre de cinq pages ; il est en effet considéré comme l'un des déterminants d'une prise de poids chez l'enfant, notamment en cas de handicap psychique (le surpoids y est par exemple souvent associé à la prise de différents traitements) ou mental (l'absence d'autonomie et la sédentarité peuvent jouer sur le manque d'activité physique et le défaut d'alimentation saine). Mais d'autres handicaps sont passés en revue avec des réponses et conseils adaptés. Par exemple, en cas de handicap moteur (pathologies neuromusculaires, polyhandicap), la réduction de l'activité physique va jouer un rôle prépondérant associée au défaut de développement des masses musculaires parfois aggravé par des anomalies endocriniennes (insuffisance gonadotrope). L'excès d'apport énergétique comme une nutrition entérale excessive peut aggraver ces situations du fait du déséquilibre entre les apports énergétiques et les dépenses
Risque de sur-handicap
« Chez les jeunes en situation de handicap, cette prévalence plus importante dès l'enfance peut induire un sur-handicap », peut-on lire dans le document (en lien ci-dessous). Il est par exemple fait mention du syndrome de Prader-Willi, caractérisé par un problème de satiété ; sans prise en charge adaptée, il peut conduire au développement d'une obésité morbide. En revanche, il est étonnant que ce guide n'aborde pas la trisomie 21 qui est souvent associée à des problèmes de surpoids voire d'obésité puisqu'elle touche entre 15 et 20% des enfants et s'installe, le plus souvent, très tôt.
Une réponse adaptée
« Les recommandations pour tous les enfants et adolescents restent valables pour ceux en situation de handicap mais devront être adaptées en fonction de la nature des difficultés et des possibilités qui peuvent être évolutives », indique la HAS. Il est par exemple recommandé à leurs parents de favoriser les activités physiques avec un aspect « ludique » et « plaisir ». Côté professionnels de santé, il est conseillé d'adapter les messages de prévention en Facile à lire et à comprendre (FALC), en braille ou accompagnés d'outils audio. D'autres pistes sont proposées…
Un parcours de soin personnalisé
Consciente de ce problème de santé publique, la HAS a mis en place un parcours balisé de soin et de suivi de l'enfant et de l'adolescent, qui vaut pour tous. Premier axe, le dépistage basé sur deux fondements : la mesure de l'indice de masse corporelle (IMC) et l'établissement de la courbe de croissance « à chaque occasion ». Puis, vient la confirmation du diagnostic lors d'un examen pédiatrique complet. L'enfant bénéficiera ensuite d'un suivi personnalisé avec des points d'étapes durant plusieurs années pour évaluer l'évolution de son poids. Il se verra également proposer un accompagnement de soin adapté (rééquilibrage alimentaire, activité physique…), et, ce, jusqu'à l'âge adulte.