Off d'Avignon : " Le festival aux 1 000 visages "

1 592 spectacles, 139 lieux, 5 920 artistes venus de France et du monde entier, le Festival Off d'Avignon, du 5 au 28 juillet 2019, ne cesse de se développer. Parmi ces créations, certaines interrogent sur la place du handicap dans notre société.

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Par Marie-Claire Brown, journaliste

Pour la première fois à Avignon, les artistes de l'association Turbulences !, un Ésat (Établissement et service d'aide par le travail) artistique, présentent Trouble, une création originale et « une réflexion très libre à la lecture d'écrits de Michel Foucault, explique Philippe Duban, son directeur. Le projet s'est construit à travers 'une coopérative de création' autour d'un axe de travail commun sur l'enfermement et les cercles d'appartenance ».  Un spectacle créé avec de jeunes artistes autistes, leurs éducateurs et des artistes intervenants. Sur scène, une trentaine de comédiens, chanteurs, danseurs, musiciens, trapézistes sont dirigés par Didier Cousin. Mis à l'écart ou inclus, ils illustrent la différence, la place de la folie et de la singularité dans la société, avec talent, poésie, liberté et force. L'énergie et l'enthousiasme des interprètes sont communicatifs : « Ici on ne peut qu'être heureux, on travaille en se formant et on s'amuse, on fait de la batucada, des arts plastiques, de la danse, du chant, du trapèze, de la vidéo… tout est mixé. On s'éclate ! »

Histoires de familles

« J'ai trois ans, je ne parle pas, et vous n'entendrez aucun mot sortir de ma bouche. » Dans J'entrerai dans ton silence, Serge Barbuscia mêle les voix de Françoise Lefèvre, auteur du Petit Prince cannibale, témoignage sur son enfant différent, et de son fils, Hugo Horiot, artiste autiste, auteur de L'Empereur, c'est moi.
« Je souhaitais traiter d'un sujet tournant autour de la norme, de la déviance et du handicap » explique Thierry Combe, auteur et interprète de Jean-Pierre, lui, moi, en hommage à « ce frère extraordinaire qui a marqué ma vie. »
Fabio Marra revient avec le bouleversant Ensemble, la relation fusionnelle entre une mère (Catherine Arditi, Molière de la meilleure comédienne en 2017) et son fils « simple d'esprit », interprété par l'auteur (révélation masculine), laissant peu de place à sa sœur.

Personnages réels ou de fiction

Dans la peau de Cyrano, Colin, un collégien bègue, se découvre à travers le théâtre et ce personnage emblématique qu'il doit interpréter. Nicolas Devort, seul en scène, incarne tous les personnages. Poétique, drôle et touchant.
Dans Face de cuillère, les spectateurs découvrent l'émouvant monologue d'une fillette autiste, délicate et sensible.
Le garçon à la valise, pensionnaire d'un centre pour personnes handicapées, livre un road movie drôle et sensible.
L'art de Suzanne Brut de Michael Stampe, invente le portrait d'une femme « muette et bavarde à l'intérieur », recueillie dans un couvent, qui s'exprime à travers la peinture, un monde aux couleurs vives. Avec Marie-Christine Danède, formidable.
Camille Claudel est aussi à l'affiche par exemple de Melle Camille Claudel, où « elle est une artiste en pleine conscience de son art, une femme qui est sculpture, pas folle, seulement femme mal née, vivant hors cadres et codes de son époque » et de Camille contre Claudel… William Mesguich interprète Artaud passion de Patrice Trigano. Bien d'autres sont les personnages de pièces comme Frida Kalho, Van Gogh, Beethoven…

Des questions contemporaines

Soyez vous-même, de Côme de Bellescize, ou comment un entretien d'embauche, qui réunit la directrice aveugle d'une entreprise d'eau de javel et une jeune candidate enthousiaste, dégénère. « Entre grotesque, poésie, hystérie et questionnement philosophique, cette pièce détourne les codes du huis clos et de la satire sociale pour dessiner une comédie acide et déjantée. » Décapant, avec deux comédiennes formidables !
Burnout, « Une expérience de la saturation. Une frénésie de mots. Des cases dans la tête. Le travail comme arme de destruction. Jeux de pouvoir et d'anéantissement. Jusqu'à la perte du vivant... » la pièce d'Alexandra Badea, également dans le In, est mise en scène par Marie Denys. Passée par là, Christèle Perrot invite à Réussir son burn out, « pour mettre des mots positifs et donner des clés sur des sujets tabous ».
La question centrale des aidants est abordée dans deux spectacles qui interrogent sur le prendre soin. Tout d'abord celle des jeunes aidants dans Le massacre du Printemps d'Elsa Granat et Laure Grisinger, à travers le chemin de reconstruction « d'une héroïne des temps modernes ». Comment Être là avec nos parents qui vieillissent ? Vincent Ecrepont questionne avec délicatesse la relation entre aidants et aidés. La nouvelle pièce d'Andréa Bescond et Eric Métayer (Les Chatouilles) aborde la question des maladies dégénératives et de la fin de vie : Déglutis, ça ira mieux. Mais aussi les auxiliaires de vie dans Les Recluses d'Elide La Vecchia ou Les dessous d'un clown à l'hôpital de et par Magali Gibelin…

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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