Samedi 6 juin 2015, 17 heures. Le soleil, qui a fait souffrir bien des organismes en cet après-midi, se perd peu à peu à l'horizon. Débuté en matinée, le concours de pétanque livre son verdict. Réunis sur la pelouse, au bord des quais de Saône, participants, accompagnateurs, bénévoles, organisateurs forment un groupe compact face au podium sur lequel on ne cesse de voir défiler les engagés. Il faut dire que, sur les 154 participants « boulistes », aucun n'est reparti bredouille. Médaille d'or ou fanion, premier ou dernier, tout le monde a eu sa récompense autour du cou. L'un d'eux s'adresse à son clan et brandit sa breloque. « Elle est là, elle est là », crie-il avec fierté. Les Special Olympics se distinguent d'autres compétitions en accueillant tout athlète déficient intellectuel, quel que soit son niveau ; et chaque victoire est magique, pleine de saveur.
750 athlètes et 3 délégations étrangères
Ces sportifs viennent d'ESAT (Etablissements et services d'aide par le travail), d'IME (Instituts médico-éducatifs), de foyers ou sont licenciés en club, et ont fait le déplacement depuis toute la France pour se retrouver à Mâcon, lieu de la 8e édition des Jeux nationaux d'été. Sans oublier les trois délégations étrangères – Hongrie, Belgique et Grande-Bretagne – dont les villes sont jumelées à la préfecture de la Saône-et-Loire et ont été invitées. Au total, 76 délégations, pour 750 athlètes (plus 250 entraîneurs), se sont affrontées dans sept disciplines : foot à 7, basket, natation, parcours aquatiques, pétanque, judo et activités motrices. Si shoots, prises au sol et « pointages » y sont allés bon train pour tenter de l'emporter, l'objectif de ces trois jours sportifs va plus loin. « Le sport est un vecteur formidable d'épanouissement personnel et renforce l'estime de soi, déclare Nathalie Dallet-Fevre, directrice générale de Special Olympics France. Ces Jeux permettent à ces personnes qui, parfois, ne soupçonnent pas de quoi elles sont capables de partager leur succès avec le public. »
Inclusion sociale
Mais les Special Olympics, ce ne sont pas seulement des victoires et des défaites. Ils visent l'inclusion sociale. Pour ce faire, lors du premier jour des Jeux, les athlètes ont pu rencontrer des sportifs valides et concourir avec eux au sein d'équipes « mixtes » lors d'un après-midi découverte du mölkky (jeu d'adresse finlandais dont le principe est de faire tomber des quilles numérotées à l'aide d'un bâton en bois) et du jeu de flag (sport équivalent au rugby, les contacts, remplacés par l'arrachage d'un drapeau, et le jeu au pied en moins). « Un grand moment de partage », raconte l'un des 200 bénévoles mobilisés. Cette démarche de sport unifié tient particulièrement à cœur à Nathalie Dallet-Fevre. « Ce n'est pas nouveau mais il existe une marginalisation importante des personnes ayant un handicap invisible. Le sport rend visible ce qui est invisible. Il transmet un beau message d'espoir. »
Dépistages gratuits
En France, on dénombre près de 700 000 personnes déficientes mentales et entre 6 000 et 8 500 naissent chaque année. Victimes d'exclusion, elles sont également confrontées à de grandes difficultés d'accès aux soins. Alors, en parallèle des épreuves sportives, des programmes santé ont été mis en place tout au long de l'événement. Leur objectif ? Réaliser des dépistages gratuits. Évaluations oculaires, examens podologiques et conseils nutritionnels ont ainsi été proposés aux athlètes. Enfin, pour terminer ces Jeux en beauté, l'ensemble des participants étaient conviés à une soirée disco ; à l'instar des valeurs véhiculées par les Special Olympics : intégration, plaisir… et sport !