« On va devoir être costauds », avoue Mario Gervasi, ancien directeur-adjoint de l'équipe de France militaire de parachutisme. Pourtant, avec 11 000 sauts à son actif dont six au-dessus des pôles et sept au-dessus de l'Everest, cet adjudant-chef est rompu aux sauts extrêmes, mais généralement tout seul. « En tandem cela change tout et il faut absolument que l'on ne fasse qu'un », explique-t-il.
Xavier, amputé tibial
Son partenaire, Xavier Le Draoullec, 52 ans, ancien parachutiste avec 150 sauts à son actif, a été blessé en 1982 à Beyrouth, à l'âge de 19 ans, lors d'une opération militaire au sein du 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine. Amputé du tibia droit, le militaire s'est impliqué dans le handisport. Courant avec une prothèse prolongée d'une lame, il a collectionné médailles, titres et records en athlétisme. Mais samedi « si je fais une mauvaise manipulation, si je baisse trop la tête, on part en vrille », admet-t-il.
Température : moins 110 degrés !
Les deux sauteurs de l'extrême sont aidés par la Russie où ils auront leur base. De Mourmansk, la plus grande ville du monde au nord du cercle polaire arctique, ils embarqueront dans un quadri-réacteur qui, au terme de trois heures de vol, va les larguer à la vitesse de 320 km/h à 6 000 mètres d'altitude au-dessus du pôle. « A cette altitude la température sera de moins 110 degrés, il faut être bien protégé », précise Mario Gervasi. Les deux parachutistes ont effectué leur dernier entraînement le weekend du 21 mars 2015 sur une base du Havre. « Le vent était fort comme il le sera là-haut et nous nous étions peu couverts pour ressentir le froid », ajoute-t-il.
1 million d'euros pour les militaires blessés
Courant le risque de se poser dans l'eau en raison de failles dans la banquise provoquées par le réchauffement climatique, les deux militaires seront ramenés par hélicoptère sur la base russe de Barnéo. Ils comptent rapporter un million d'euros via l'association Pôles de l'Espoir pour le compte des œuvres Terre Fraternité et ADO qui viennent en aide aux blessés de guerre et à leurs familles. Parrainé par l'acteur Jean-Paul Belmondo, ce saut sera suivi d'un deuxième à la mi-octobre sur l'Everest (sur lequel Mario Gervasi a déjà sauté avec un malade atteint de sclérose en plaques, Marc Kopp, en 2013, lire article en lien ci-dessous) et d'un troisième en décembre au point zéro du Pôle Sud.