Q : Quels sont les objectifs de la délégation française à Rio ?
R : Briller le plus possible et surtout faire mieux qu'à Londres. On avait fini 16e, ce qui avait été un peu une déconvenue parce qu'on a eu beaucoup de médailles (45 dont 8 en or, 19 en argent et 18 en bronze, ndlr) mais pas beaucoup d'or. Là, on veut dépasser les huit médailles d'or et se rapprocher le plus possible de la 10e place. On fonde de grands espoirs sur la jeunesse. On a notamment une équipe de natation avec une bonne cohésion entre les générations. L'équipe de rugby et l'athlétisme nous font vraiment vibrer. Et dans les deux nouveaux sports qui arrivent, canoë-kayak et triathlon, on a de belles chances de médailles. Pour Rio, on a resserré la délégation (126 sportifs, ndlr). On a moins d'athlètes mais, on l'espère, plus de chances de médailles.
Q : Quelles sont les retombées des Jeux pour le comité ?
R : Pour le sport paralympique, la seule vitrine c'est les Jeux. Tous les quatre ans, on a une petite fenêtre de tir pour que les gens nous connaissent. Une fois qu'on a regardé des compétitions, vibré avec les athlètes ou qu'on est allé dans les stades, on a envie de les revoir. On se dit que c'est un spectacle sportif avec de l'émotion, de la performance et on ne voit plus le handicap. L'enjeu, c'est la reconnaissance médiatique pour qu'on puisse toucher le plus de personnes en situation de handicap. Que plus jamais elles ne se disent "le sport ce n'est pas pour moi car je suis amputé, non-voyant, en fauteuil roulant". Toute personne peut faire un sport pour du loisir et jusqu'au plus haut niveau. Je l'ai vécu, le sport m'a permis de garder une autonomie. Souvent, on voit tout ce qu'on ne pourra plus faire alors qu'avec le sport on voit tout ce qu'on pourra encore faire. Financièrement, ça ne rapporte rien au comité. En revanche, cela peut aider les athlètes à décrocher des sponsors car ils sont plus visibles, surtout après une médaille.
Q : Le paralympisme en France, c'est quoi ?
R : A l'intérieur du comité paralympique, 20 fédérations oeuvrent au développement du sport de haut niveau et du sport pour tous, dont 5 ont préparé des athlètes pour aller aux Jeux. Il n'y a pas de recensement, mais globalement plus de 100 000 personnes en situation de handicap pratiquent un sport. Plus il y aura d'acteurs, plus on aura de chances d'avoir des lieux pour accueillir des sportifs en situation de handicap. Il y a 20 ans, quand je disais que je faisais de l'escrime en fauteuil, tout le monde tombait de l'armoire. Je crois que maintenant quand on dit handisport ou paralympique, on sait que ça existe. Les mentalités changent, mais souvent à partir du moment où on a vu une image.
Par Jessica Lopez-Escure