« Le droit au congé ne devrait pas être conditionné par le handicap », déclare Lamia Al Aaraje, adjointe à la maire de Paris, chargée notamment de l'accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap. C'est en répétant ce mantra que, pour la deuxième année consécutive, son équipe et elle lancent un appel à projets aux associations parisiennes, afin d'organiser des séjours adaptés, c'est-à-dire entièrement organisés en fonction des besoins et contraintes des personnes en situation de handicap, et accessibles financièrement.
Des vacances « inclusives » à adapter
Ce projet naît en 2023, à la suite des assises de l'accessibilité, pendant lesquelles une mère de famille exprime sa détresse : « Elle s'était battue pendant six mois pour organiser des vacances inclusives à son fils autiste. Avec des ergothérapeutes, des éducateurs spécialisés… Elle était tellement heureuse d'avoir une semaine pour elle ! Tellement heureuse d'offrir des vacances à son enfant ! », se souvient Lamia Al Aaraje. Malheureusement, un jour seulement après le grand départ, les organisateurs du séjour lui renvoient son fils, « violent avec les autres enfants ».
Rendre accessible le séjour adapté
Pour l'adjointe à la maire de Paris, ce témoignage marque le début d'un projet. « Le problème des séjours adaptés, c'est qu'ils sont extrêmement chers pour les familles », raconte-t-elle. Alors que leur coût dépasse souvent 1 000 euros, un quart des personnes handicapées vivent en-dessous du seuil de pauvreté (contre 14 % dans la population générale). Pour la ville de Paris, l'idée était donc de créer des séjours 100 % adaptés, sur le modèle des Vacances Arc-en-ciel, proposées par la métropole. L'enjeu ? « Offrir aux personnes des séjours prenant en compte leurs besoins en accessibilité, majoritairement pris en charge par la ville, avec un reste à charge calculé sur les revenus du foyer », résume-t-elle, avant de préciser que lors de la première édition, « les restes à charge allaient de 17 euros à 460 euros ».
Jusqu'au 16 décembre pour déposer son dossier !
Un an après le premier appel à projets, dont ont profité près de 570 personnes, Paris lançait la deuxième édition début octobre 2024. Objectif : permettre à un maximum de Parisiens, de plus de six ans et en situation de handicap, de partir en vacances pendant les congés de Pâques (du 13 avril au 27 avril 2025) et les mois de juillet et d'août 2025. Les candidats peuvent déposer leur dossier jusqu'au 16 décembre 2024. Pas d'impératif concernant le type de séjour proposé mais ils doivent remplir des critères légaux : « Nous sommes très vigilants quant à leur capacité à accompagner les personnes en situation de handicap : les candidats doivent avoir le statut d'association loi 1901 avec un agrément 'Vacances adaptées organisées (VAO)' », insiste Lamia Al Aaraje.
Un dispositif à pérenniser
A terme, l'adjointe à la maire souhaite pérenniser le dispositif, augmenter le nombre de bénéficiaires, et surtout aller plus loin. En proposant des « séjours familiaux », par exemple, alliant vacances adaptées la journée et retrouvailles en famille le soir – des moments de détente, qui créent des liens et des souvenirs, que certaines familles concernées par le handicap ont encore trop rarement l'occasion de vivre.
© Stocklib / Kitsanaphong burarat