Péripéties de Philippe Croizon : livre à l'humour décapant

Dans son livre, Pas de bras pas de chocolat, Philippe Croizon relève un nouveau défi : faire rire de son handicap. 255 pages qui vous mettent du baume au cœur et vous obligent à voir le handicap autrement. Sourire de tout, une jolie thérapie !

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Nouvelle corde à son arc pour Philippe Croizon. Après avoir survécu au pire, traversé la Manche à la nage, relié les 5 Continents, achevé un Dakar, il se délecte d'une nouvelle aventure : gagman ! Pour ceux qui le connaissent un peu, il est vrai que l'humour est depuis toujours son arme fatale. Mais de là à en faire un livre de 255 pages, il fallait oser et surtout avoir des choses à raconter. Pas de bras pas de chocolat, on peut rire de tout, co-écrit avec le journaliste Vincent Mongaillard (éditions de l'Opportun), sort en librairie le 24 mai 2017. Idéal pour exercer ses zygomatiques !

Morceaux choisis

« Pas de bras, pas de chocolat. Pas de pieds, sanction annulée ! »
(Réplique des parents (sympas) de Philippe Croizon.

« Non monsieur, il me faut une preuve écrite de votre invalidité »
(Lors d'un contrôle dans un TGV).

« Pour la traversée des 5 continents, j'emmène un valide. Parce que le requin quand il va voir un mec à moitié bouffé et un mec complet, j'espère qu'il va bouffer le mec complet. »
(Philippe Croizon dans On va s'gêner, sur Europe 1).

« Si ça se trouve, Philippe Croizon a acheté un truc tellement au-dessus de ses moyens que ça lui a coûté deux bras ! » (Tweet).

« Si Philippe Croizon s'aligne sur le Dakar, manquerait plus que Ribéry écrive des livres maintenant ! »
(Tweet).

Du pur Croizon

Après une électrocution qui l'a privé de ses quatre membres, Philippe a un peu pleuré, beaucoup douté et trouvé son salut dans l'humour. Dans ce livre, il a rassemblé ces bouffées de bonheur curatives qui l'ont empêché de sombrer. Du pur Croizon, anecdotes parfois brut de décoffrage, souvent intimes, mais qui offrent de jolis sourires. Le tout est agrémenté de gaffes vécues, de blagounettes 100% handicap et autres messages pertinents et décalés glanés sur les réseaux sociaux. Philippe Croizon rit de lui, beaucoup, du handicap, un peu. Confidences de celui qui a décidé d'aller là où ça fait mal mais toujours avec la banane...

Handicap.fr : Quelle drôle d'idée, ce livre ! Comment vous-est-elle venue ?
Philippe Croizon : Ça faisait un bout de temps que j'en avais envie. Après plusieurs tentatives ratées auprès d'éditeurs, c'est finalement celui des éditions de l'Opportun qui m'a appelé, avec une commande ferme.

H.fr : La première impression de vos lecteurs ?
PC : Je n'en ai pas encore beaucoup car le livre sort aujourd'hui mais tous ceux qui l'ont lu ont beaucoup rigolé. J'attends les retours…

H.fr : Votre livre est constellé de petites anecdotes glanées sur les réseaux sociaux ou de phrases choc dites par des humoristes. Vous les aviez toutes notées ?
PC : Non, c'est Le Parisien, à l'origine de l'édition de ce livre, qui possède un moteur de recherche ultra-puissant…

H.fr : Rire de votre handicap, particulièrement lourd, ce n'était pourtant pas gagné !
PC : Je peux me fendre la gueule car j'ai réussi ma life. Mais je peux aussi, parce que j'ai traversé cela, comprendre que ceux qui sont dans une phase de colère ne soient pas en mesure de porter ce regard parfois grinçant sur eux-mêmes. Quant aux bien-pensants qui nous pourrissent la vie, je m'en fous.

H.fr : Il vous a quand même fallu du temps pour arriver à rire de votre situation après un accident extrême.
PC : En fait, pas tant que cela. Je dirais trois mois, dès que je suis arrivé en centre de rééducation. Et même déjà avant, à l'hôpital, j'avais commencé à déconner dur. Le centre, c'est l'école de l'humour, noir forcement, l'endroit où tout est permis. Ce sarcasme qui te met des claques mais te ramène à la vie. Les anciens sont là pour te montrer le chemin à suivre en termes de conneries. Même si tu n'aimes pas ma vanne, je la tente. Du pur et dur mais qui fait du bien ; un super outil de résilience.

H.fr : C'est un peu ce qu'on ressent dans le film Patients de Grand Corps malade (article en lien ci-dessous). Vous l'avez-vu ?
PC : Oui, et c'est exactement cela ! La dépression, la colère, le suicide mais aussi les vannes, les copains… Il est bien plus réaliste qu'Intouchables.

H.fr : Lors de vos conférences, notamment en entreprises, vous avez toujours privilégié l'humour.
PC : Oui, dès le début. Et il valait mieux. Juste après mon premier livre J'ai décidé de vivre, je n'étais pas vraiment connu. Alors, lorsque j'arrivais sur scène, je voyais les salariés en panique : « Oh le mec ! Merci patron ! ». Donc le but c'était de les faire rire tout de suite, pendant trente secondes. Après, ils étaient chauds pour la suite : « Voilà, vous avez oublié que je suis une personne handicapée. Vous avez rencontré Philippe. » Lors de mes interventions, il y a mille messages qui passent, et chacun se reconnait forcément à un moment donné. Parfois les gens pleurent alors je les ramène à la vie par l'humour.

H.fr : Vous avez même fait Bercy devant 10 000 personnes (vidéo en lien ci-dessous). Jamais le trac ?
PC : Oui, lors d'une grande convention. Une heure seul sur scène. J'ai fait le show et les ai tous mis debout. Alors, non, je n'ai jamais le trac. La scène, c'est ma came. J'adore partager. Parfois, je craque aussi, je ris, je pleure, j'essaye de gérer mes émotions. Je suis un hypersensible, et c'est le rire qui permet cette communion.

H.fr : Est-ce que votre humour vous a déjà joué des tours, notamment avec des personnes handicapées ?
PC : Non, jamais jusqu'à maintenant. Les personnes handicapées ont en général cette même distanciation, un humour souvent décapant ! D'une certaine façon, ça veut dire que tu n'es pas handicapé.

H.fr : Parce que vous ne reculez devant aucun défi, pourquoi pas un jour un one-man-show ?
PC : J'y pense très fort. J'ai d'ailleurs déjà quelques propositions ; ce ne serait pas vraiment un one-man-show, ni 100% comédie car je veux garder la trame de mes conférences avec l'envie, aussi, de faire passer des émotions. Il faut que les gens ressortent en se disant : « Je me suis bien marré mais j'ai aussi appris quelque chose ». J'ai déjà réalisé une vidéo d'une heure trente sur mon histoire. Ma vie assez insolite offre toute la matière pour un spectacle. J'aimerais faire carrière dans ce domaine, partir en tournée. À suivre…

Pas de bras, pas de chocolat ! On peut rire de tout
Philippe Croizon avec Vincent Mongaillard
Les Éditions de l'Opportun
Parution le 24 mai 2017 - 256 pages - 12 €

Illustration article Péripéties de Philippe Croizon : livre à l'humour décapant
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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