Par Aurélie Carabin
La télévision est toujours un "miroir déformant" de la société en 2021, selon le rapport annuel de l'Arcom publié le 19 juillet 2022. La part des personnes perçues comme handicapées, environ 20 % des Français, reste "marginale" sur le petit écran, avec 0,8 % (+0,2 point par rapport à 2020). Et ce malgré l'opération "Duoday", associant pour une journée personnes handicapées et travailleurs "valides", organisée durant l'une des semaines étudiées (article en lien ci-dessous).
19 chaînes étudiées pendant 11 mois
Comme le faisait son prédécesseur, le CSA, depuis 2009, le régulateur de l'audiovisuel s'est penché sur les programmes de 19 chaînes (TNT gratuite et Canal+) pendant deux semaines, en janvier et en novembre 2021. Le constat reste le même : la télévision renvoie "l'image d'une France qui serait centre-urbaine, aisée, qui ne serait ni jeune, ni âgée, et en parfaite santé", principalement blanche et masculine, résume pour l'AFP Carole Bienaimé Besse, membre de l'Arcom. Selon elle, il y a un donc également "effort à faire du côté des effectifs qui décident des programmes" en matière de parité, de mixité sociale, de classes d'âge, de lieux de résidence...
Peu de personnes "non blanches" et de jeunes
La part des personnes perçues comme "non blanche" a, en effet, reculé de deux points, passant de 16 % en 2020 à 14 % en 2021, un taux "identique aux années 2014 et 2015", déplore l'Arcom sans donner leur pourcentage total en France, en l'absence de données statistiques ethniques. Les moins de 20 ans, sous-représentés à l'écran (10 %, toutes chaînes confondues, contre 24 % dans l'ensemble de la population) le sont encore moins dans l'information, à seulement 2 %, relève l'Arcom. Même phénomène pour les CSP-, peu visibles de manière générale (10 % à l'écran contre 27 % dans la population française), et encore moins dans l'information (4 %), contrairement aux CSP+ (28% de la population, 75 % à l'écran et 90 % dans l'information).
Diversifier les rédactions
"On va chercher souvent les même experts couteaux suisses pour parler de la guerre en Ukraine, du pouvoir d'achat ou de la crise sanitaire", analyse Carole Bienaimé Besse. Les personnes en situation de précarité sont rarement expertes mais témoins, avec un "temps d'antenne moins important". "Il faut bien évidemment progresser", en lien notamment avec "les écoles de journalisme" pour diversifier les rédactions, commente une porte-parole de TF1 et LCI auprès de l'AFP.
Femmes : bientôt la parité !
"Sur la parité, on n'a pas à rougir" avec une part de femmes expertes (hors collaboratrices de TF1) de 44 %, même si "on n'atteint pas encore les 52 %" de femmes dans la société française, ajoute-t-elle. Dans l'ensemble, tous programmes et chaînes confondus, la présence des femmes à l'écran est stable, à 39 % (contre 38 % en 2020). Les habitants des banlieues (4 %) et des villages (13 %, -3 points) restent aussi sous-représentés par rapport à ceux des centres-villes historiques (65 %), tout comme les seniors (5 % pour les plus de 65 ans).
L'étude d'une semaine supplémentaire pendant le confinement d'avril a par ailleurs montré que la crise sanitaire n'avait pas eu d'impact significatif sur ces tendances.