Le plafond de verre des jeunes en situation de handicap

Une récente étude du Haut-commissariat au Plan avec France Stratégie montre que les jeunes handicapés, même favorisés, peinent à grimper l'échelle sociale. Une double peine qui interroge sur les limites de l'égalité des chances.

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Jeune homme en fauteuil roulant avec d’autres collègues

Les jeunes en situation de handicap sont quatre fois plus nombreux à n'avoir jamais travaillé que les autres. Même quand ils viennent d'un milieu favorisé. Une nouvelle note du Haut-commissariat au Plan et de France Stratégie, demandée par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, éclaire cette réalité encore peu étudiée : celle d'une mobilité sociale entravée par le handicap au sein de la population des jeunes en situation de handicap de moins de 36 ans, nés en France métropolitaine et DROM.

Moins diplômés, moins insérés

Peu importe qu'on soit fils d'ouvrier ou de cadre supérieur : lorsqu'un handicap s'invite dans la vie d'un jeune, ses chances d'atteindre une position sociale élevée s'amenuisent. Selon l'enquête Emploi de l'Insee, un jeune sans handicap a 1,7 fois plus de chances d'occuper un poste de cadre ou une profession intermédiaire que son homologue handicapé. Pourquoi ? Parce que l'accès au diplôme est lui aussi fortement conditionné : un jeune handicapé a jusqu'à 3,7 fois plus de risques de quitter l'école sans qualification, même dans une famille aisée.

L'origine sociale ne suffit plus

Même si dans les faits, les jeunes handicapés issus de ce milieu social s'en sortent globalement mieux que ceux des milieux défavorisés, le handicap joue ici un rôle d'égaliseur… vers le bas. D'ordinaire, grandir dans un milieu favorisé protège du décrochage scolaire. Mais avec un handicap, cette protection s'effrite. Le parcours scolaire est souvent perturbé, et les jeunes issus de familles modestes souffrent plus fréquemment de troubles cognitifs ou intellectuels, davantage pénalisants sur le plan éducatif. À difficulté équivalente, ils sont davantage orientés vers des établissements spécialisés, souvent moins propices à un parcours scolaire de qualité. Ainsi, handicap et origine sociale défavorisée combinés jouent ici de « mauvais » catalyseurs de réussite (scolaire et professionnelle).

Inclusion scolaire, mais après ?

Résultat, les jeunes en situation de handicap sont 3,8 fois plus nombreux que leurs homologues sans handicap à n'avoir jamais travaillé. Et quand ils s'insèrent professionnellement, ils le font à des positions sociales moins élevées. Selon Clément Beaune, Haut-commissaire au Plan, il est urgent d'agir et notamment « de poursuivre la politique d'inclusion scolaire et d'intensifier la mobilisation à l'étape d'après, celle de la carrière professionnelle ». Depuis la loi du 11 février 2005, la scolarisation en milieu ordinaire a triplé. Une avancée majeure. Mais pour que cette dynamique se traduise aussi sur le marché du travail, encore faut-il que l'école mène quelque part.

Des défis persistants

A noter, les données analysées concernent des jeunes nés dans les années 1980 et 1990, qui n'ont pas bénéficié de la forte augmentation de la scolarisation en milieu ordinaire depuis la loi de 2005. Il est donc possible que les générations suivantes, ayant connu une inclusion scolaire renforcée, présentent des trajectoires différentes. Pour rappel, le nombre d'élèves scolarisés au sein de l'Éducation nationale est passé de 151 530 à 519 039 entre 2005 et 2025. Une évolution certes positive mais qui dissimule de nombreux défis encore persistants, notamment en raison d'un manque de ressources adaptées et de difficultés d'accès à des accompagnements spécialisés (Rentrée : encore trop d'élèves handicapés sans solution?).

©Ivan Samkov de Pexels

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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