Faire ses lacets à une main ? Une prouesse pour certains, un exercice de routine pour les polydactyles ! Chaque année, un nouveau-né sur 500 vient au monde avec un nombre de doigts et/ou d'orteils supérieur à la normale. Si la grande majorité sont rapidement opérés, notamment pour des raisons esthétiques, certains décident de conserver cette malformation génétique, la transforment en véritable force et développent des capacités hors-normes. Des scientifiques de Londres (Royaume-Uni), Fribourg et Lausanne (Suisse) se sont penchés sur le cas d'un garçon de 17 ans et de sa mère de 52 ans, hexadactyles, c'est-à-dire qui possèdent six doigts à chaque main. Leur étude inédite (en lien ci-dessous) est publiée en juin 2019 dans la revue en ligne Nature Communications.
Des muscles supplémentaires
Situé entre le pouce et l'index, leur doigt surnuméraire possède trois phalanges, est indépendant des autres et peut donc bouger seul, sans affecter la rapidité d'exécution de ses voisins. Une manipulation polyvalente et extrêmement habile qui permet à son hôte d'effectuer des mouvements à une main quand deux sont habituellement nécessaires. Pour analyser les conséquences de cette anomalie, les deux participants mettent la main à la pâte et effectuent une série d'exercices tandis que leur activité cérébrale est enregistrée par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Le constat est sans appel : les personnes polydactyles, doté d'un sixième doigt « bien formé », possèdent des capacités motrices augmentées, notamment grâce à des muscles supplémentaires. Une particularité qui leur permet d'exécuter des tâches inédites.
Un cerveau adapté ?
Qui dit manipulation singulière dit cerveau singulier ? En effet, ils possèdent des ressources neuronales additionnelles qui permettent de contrôler ce doigt surnuméraire. Cette découverte stupéfiante signifie que le système nerveux humain est capable de développer des capacités subsidiaires sans générer de déficit moteur ni avoir d'incidence sur les autres mouvements. Face à ce constat, l'enjeu est désormais de comprendre comment le cerveau s'adapterait à l'arrivée d'un nouveau membre, notamment dans le cas de personnes amputées ou handicapées des membres ?