Née avec la mucoviscidose, greffée des poumons à l'âge de dix-sept ans, diabétique, Alexandra Caldas a parcouru 43,5 kilomètres en aviron dans l'océan Pacifique, entre les îles polynésiennes de Taha'a et Bora Bora. Pour la sécurité sociale, cette jeune Parisienne de 23 ans et 43 kilos est handicapée à 80% à cause de la mucoviscidose. Malgré une vie passée en grande partie à l'hôpital, Alexandra Caldas, qui n'avait que 17 ans d'espérance de vie à la naissance, a toujours refusé ce statut. Ses défis sportifs sont un combat contre la maladie, mais aussi une manière de braquer les projecteurs sur la mucoviscidose et la greffe d'organes.
Nouvelle vie
Les greffes à partir de donneur décédé se heurtent encore souvent au refus des familles du défunt, par méconnaissance de ses volontés. "Une vie peut en sauver sept: donner un organe c'est redonner espoir, redonner la possibilité de faire du sport et de vivre, tout simplement", dit à l'AFP la jeune femme. Sa greffe des poumons lui a changé la vie: à 17 ans, avec 13% de capacité respiratoire, elle ne faisait que quelques pas avant d'être essoufflée. Le 14 septembre 2019, avec son équipe de rameurs d'aviron de Polynésie, elle a produit cinq heures d'efforts en lagon et en haute mer, malgré des difficultés respiratoires, des douleurs au dos, et son diabète.
Redonner espoir
Son défi a entraîné dans son sillage des patients en insuffisance rénale, qui pourraient bénéficier d'une greffe de rein, comme Henbuiss Taruoura, dialysé tous les deux jours depuis 18 ans. "Je n'avais pas l'esprit à faire du sport, et grâce à Alexandra, je m'y suis remis: c'est son défi qui m'a remotivé et depuis six mois j'en fais tous les jours", explique ce Polynésien à l'AFP. Plusieurs va'a, les pirogues polynésiennes à balancier, ont ainsi ramé aux côtés d'Alexandra. Le parcours n'avait pas été choisi au hasard: Taha'a - Bora Bora est la dernière étape de la prestigieuse course de pirogues polynésiennes Hawaiki Nui. A l'arrivée sur la plage Matira de Bora Bora, l'une des plus belles du monde, une centaine de personnes ont acclamé celle qui a gagné le respect des aito, les champions tahitiens, et un groupe de danse tahitienne lui a offert un spectacle.
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