On dit que la perte d'un sens décuple tous les autres… Alors comment les personnes non-voyantes perçoivent-elles les sons ? Pour répondre à cette question, des étudiants en graphisme se sont prêtés au jeu et ont pris part à une expérience collaborative qui leur a permis d'échanger et de photographier des personnes déficientes visuelles. Ils présenteront le résultat de leurs fructueuses recherches au sein de leur école de graphisme, la MJM graphic design, le 11 mars 2019 !
Réaliser des portraits
21 janvier 2019 : les groupes se forment, les premières idées naissent et les savoirs se mêlent. Les étudiants apportent un brin de fraîcheur et de folie et les intervenants canalisent cette énergie avec leur expérience. Première consigne : produire une série de trois photographies, minimum, en argentique et en numérique. Les participants aveugles et malvoyants jouent les modèles, guitare ou foulard à la main, selon l'importance qu'ils accordent au son dans l'image.
Dernière étape : présentation orale
Certains élèves s'essayent à la photo pour la toute première fois, d'autres manient l'objectif à la perfection… Chacun apporte sa pierre à l'édifice. Pour ceux qui n'avaient jamais rencontré de personne déficiente visuelle, ni même en situation de handicap, c'est une rencontre exaltante. Ils ont un mois et demi pour s'appréhender, apprendre à se connaître, sans perdre « de vue » leur objectif : une présentation orale de leur travail « avec une approche didactique et sensorielle ». Ce défi a été lancé dans le cadre d'un partenariat entre l'école et l'association Accès culture qui œuvre pour rendre la culture accessible à tous. L'objectif : réaliser un projet qui questionne la notion de langage et d'échange. Seule contrainte : « il doit y avoir un lien avec le spectacle vivant sur cette réflexion autour du son ».
Inspiré par un photographe aveugle
Leur source d'inspiration : Evgen Bavcar, un photographe aveugle d'origine Slovène, naturalisé français. Pour réaliser ses clichés, il se sert de « médiateurs » qui lui décrivent ce qu'il a devant lui et de l'autofocus de son appareil, et évalue, à l'oreille, la distance qui le sépare de ses modèles. « Mes images sont fragiles ; je ne les ai jamais vues, mais je sais qu'elles existent et certaines m'ont beaucoup ému », exprime-t-il. Morale de l'histoire : contrairement à certaines idées reçues, l'art est accessible à tous, il suffit d'un brin de détermination et d'un zest de passion.