Racing 92 : le rugby adapté pour plaquer le handicap mental

Filles et garçons, de 12 à 82 ans, porteurs de handicaps mentaux, plus ou moins lourds, ou d'autisme... au Racing 92, les différences s'effacent le temps d'un entraînement, mais les bienfaits de la pratique du rugby adapté sont durables.

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Des joueurs du club de rugby adapté du Racing 92 en plein entraînement.

Sur le terrain d'entraînement principal du Racing 92 au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), où les joueurs professionnels qui évoluent en première division se préparent durant la semaine, une cinquantaine de personnes enchaînent plaquages, passes et essais sur plusieurs ateliers, comme chaque mercredi. Ils font partie de la section rugby adapté, fondée en 2023 par le club francilien pour encourager la pratique du rugby par des personnes porteuses de handicap mental, d'autisme ou encore de troubles d'adaptation sociale, et qui tient deux entraînements par semaine, mercredi et samedi.

Un capitaine honoré "comme les autres"

En France, 1 875 personnes ont une licence et pratiquent régulièrement le rugby adapté, auxquels s'ajoutent 5 000 personnes ayant fait des ateliers découverte, selon les chiffres de la Fédération française de sport adapté (FFSA). "Passer les gens", répond fièrement Mohammed à la question de son action préférée au rugby, entre deux accélérations pour aller marquer un essai. Le jeune homme a été désigné capitaine de la section et, à ce titre, a été honoré comme l'ensemble des capitaines des équipes du Racing 92 lors de la fête du club, en janvier. Comme ses coéquipiers, il vient d'un établissement spécialisé ou d'une classe adaptée que le club a démarchés pour leur proposer cette activité.

Un encadrement bienveillant

"Il y a vraiment une grande bienveillance ici, ce qu'ils ne vivent pas si souvent dans notre société. Ça va à leur rythme. On en a un qui, parfois, s'échappe un peu des exercices. Ce n'est pas grave. Quand il revient, il revient. C'est vraiment adapté", expliquent Tania Compagnon-Bretagne et Émilie Lorand, éducatrices spécialisées qui accompagnent cinq adolescents autistes. "Ce qui est bien aussi, c'est qu'ils arrivent à voir qu'il y a d'autres personnes en situation de handicap comme eux. À la fin des entraînements, il y a une petite collation. Ça n'a l'air de rien, mais c'est hyper fédérateur", apprécient-elles.

Des progrès très rapides

Les progrès se voient sur le terrain puisque leurs jeunes, au départ réticents aux contacts comme de nombreuses personnes autistes, n'hésitent désormais plus à plaquer. Passer le ballon, apprendre à tomber pour marquer un essai : les petites victoires sont nombreuses. "Leur progression va très vite car ici ils sont sur-encadrés donc ils sont hyper stimulés. Le respect des règles, c'est une évidence, ça leur fait du bien", explique Jean-Jacques Sarthou, professeur à l'université, spécialiste de l'enseignement du rugby et de l'EPS, responsable terrain de la section.

L'implication des joueurs pro du Racing 92

Pour les séances, il est assisté d'une dizaine de jeunes, dont des espoirs du Racing 92 qui préparent leur diplôme d'éducateur ou certains de ses étudiants. Deux joueurs de l'équipe professionnelle du Racing 92 sont aussi présents et participent aux séances, comme le deuxième ligne Junior Kpoku, présent à cet entraînement en jouant le rôle d'adversaire dans l'atelier maul. Certains des joueurs reviennent régulièrement. "Quand on voit le plaisir qu'ils ont à jouer au rugby, ça peut aider un professionnel qui traverse une période difficile", décrit l'entraîneur adjoint Dimitri Szarzewski.

Une section "complètement intégrée" au club

La section adaptée est "complètement intégrée" au club, explique son initiateur Franck Marquis. "Le but, c'est de faire progresser nos gamins", également en dehors du rugby, grâce aux opportunités qu'ouvre un club de première division. Certains ont pu être bénévoles dans les tribunes du Stade de France lors des matchs de l'équipe de France en novembre et vont bénéficier d'une visite premium au Musée d'Orsay.

Une pratique en plein essor

"La dynamique existe, sur tous les territoires de France" avec une hausse des licenciés, se satisfait le secrétaire général de la FFSA, Richard Magnette. La FFSA et la Fédération française de rugby sont actuellement en discussion sur l'organisation et la promotion de la pratique, actuellement contrôlée par la FFSA. Et la plus belle récompense vient quand la doyenne du groupe, Lucile, 82 ans, fait un détour derrière le comptoir du club-house pour saluer les encadrants avant de partir en rappelant à tous : "Mercredi prochain, je viens jouer au rugby. Pour me faire plaisir".

© Site web du Racing 92

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