Chargée "d'orienter, d'informer et d'accompagner" les personnes handicapées dans l'entreprise, la fonction de "référent handicap", obligatoire depuis 2018 dans les grandes entreprises de plus de 250 salariés, "n'est pas suffisamment identifiée", a déploré Malika Bouchehioua, présidente de l'Agefiph, fonds dédié à l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés dans le privé. "Il y a encore indéniablement un effort de pédagogie à faire", a commenté la secrétaire d'Etat au Handicap Sophie Cluzel, lors d'une conférence de presse le 29 mars 2021 qui dévoilait une enquête inédite sur ce thème réalisée par Ifop pour l'Agefiph auprès d'un millier de salariés du privé et du public.
Un quart des entreprises seulement
Seul un quart des entreprises concernées sur les 6 300 au total en France ont d'ailleurs nommé en leur sein un "référent handicap", bien que la loi les y oblige depuis 2018. "La loi ne fait pas tout, de la même façon que l'obligation d'emploi de 6% n'est toujours pas respectée. Il faut la mettre en oeuvre. Il faut surtout accompagner les entreprises pour leur montrer qu'au-delà d'une obligation, c'est un vrai outil de transformation RH", a ajouté Mme Cluzel. La faible proportion d'entreprises qui se sont dotées d'un référent doit toutefois être relativisée, a souligné Solange Teyssier, de l'Agefiph, car "dans certaines entreprises, un responsable joue ce rôle sans avoir forcément été identifié comme tel".
Des salariés peu informés
67% des sondés ne savent pas qui est le référent handicap. En cas de difficulté dans la vie professionnelle (problème d'accessibilité, moquerie ou discrimination par exemple), seuls 13% redirigeraient spontanément le travailleur handicapé vers le référent handicap de l'entreprise. Le médecin du travail (27%), le manager (21%) ou un élu/représentant du personnel (15%) sont privilégiés. "Le fait que les salariés priorisent la proximité avec leurs interlocuteurs du quotidien sur le sujet du handicap est une bonne chose. Mais cette enquête témoigne tout de même d'un manque d'identification, voire de reconnaissance, du rôle du référent handicap. Pourtant, au cœur des entreprises, ils détiennent les clés pour créer le dialogue et faire bouger les lignes en profondeur, à l'échelle de l'entreprise comme de la société", souligne Malika Bouchehioua.
Handicap, une thématique importante
Selon cette étude, les salariés français, s'ils sont "peu informés des actions de leurs employeurs" en matière d'inclusion professionnelle des personnes handicapées, sont toutefois "soucieux" de cette thématique qu'ils jugent "importante" à 53% et même "prioritaire" à 39%. La plupart ont encore cependant une vision "trop limitée et stéréotypée" du handicap, relèvent les auteurs de l'étude : pour la majorité des personnes interrogées, le handicap est avant tout moteur, auditif ou visuel. Dans 80% des cas, il est pourtant invisible. Les répondants estiment que l'accessibilité des locaux (74%), la lutte contre les discriminations à l'embauche (66%) et l'amélioration de la qualité de vie au travail des personnes handicapées (64%) devraient être considérés comme prioritaires.
Ce sondage n'est pas dévoilé le 29 mars 2021 par hasard. Se tient en effet, deux jours durant, en distanciel confinement oblige, la seconde Université du réseau des référents handicap (article en lien ci-dessous).