« Quand il y a beaucoup de passagers, c'est compliqué de glisser Lyrics, mon labrador, sous le fauteuil. Il a les pattes qui dépassent, il est souvent piétiné. Certaines personnes ont peur, d'autres sont dérangées. C'est du stress ». Alors Pierre-Marie Micheli, non-voyant, représentant au sein de la commission accessibilité de la SNCF, a un peu « aboyé » auprès de SNCF-Voyageurs pour faire bouger les lignes.
Onglet « place avec chien guide »
Bonne nouvelle ! Depuis le 15 mai 2024, un nouvel onglet a fait son apparition sur le site de SNCF Connect : « Place avec chien guide ». Il peut être coché lors de la réservation au moment du choix des préférences de siège mais, pour le moment, uniquement sur les TGV et Intercités. Cette option concerne tous les chiens guides, qu'ils soient d'aveugle, du silence ou d'assistance, ainsi que les chiens en formation voyageant avec leur famille d'accueil. Déjà mise en place sur certaines compagnies aériennes, cette facilité dans le transport ferroviaire est saluée par de nombreux internautes comme une « belle avancée ».
Des places bloquées
Comment s'assurer que ces places seront bien disponibles ? « Lorsqu'une personne 'valide' fera son choix de siège, elle n'y aura pas accès et elles ne seront débloquées que si le train est complet », rapporte Pierre-Marie Micheli. Il est bien signalé sur le site que « vos préférences seront prises en compte en fonction des disponibilités ». Nous avons fait le test… qui n'a pas été systématiquement concluant. « Mais, dans la mesure où ce dispositif n'est en place que depuis le 15 mai, ces sièges étaient certainement déjà occupés », justifie Pierre-Marie.
Avant : la débrouille !
Avant que ce service ne soit formalisé, ce « serial voyageur » a pu compter sur la bonne volonté de la plupart des chefs de bord qui lui proposent des places PMR en première lorsqu'elles sont disponibles ou dégotent des sièges avec deux places libres. Mais, en cas d'affluence, pas de solution ! D'autres voyageurs, pour assurer le confort de leur compagnon sont contraints de réserver une deuxième place (via un billet accompagnateur personne en situation de handicap qui peut atteindre parfois 25 euros) ou de réserver en première classe. « Alors que les chiens guides sont censés voyager gratuitement et sans billet… », rappelle-t-il.
A quelles places ?
Où sont situées ces places réputées plus spacieuses ? Une visite au technicentre SNCF de Gerland (Lyon) a permis de les identifier. Dans les TGV, il s'agit, en seconde classe, des sièges dos à dos qui disposent d'une petite « niche » au sol, déjà repérée par les habitués. « J'ai même vu des passagers forcer pour enfoncer leur bagage alors que mon chien y était déjà ! », confie Pierre-Marie. Mais cette configuration d'aménagement n'est disponible que sur certaines lignes, par exemple vers Francfort, Lyon ou Nantes. Ou encore les places situées au fond des wagons au rez-de-chaussée des wagons à deux étages.
Sur les Intercités, c'est plus galère ! Seules quatre ou cinq places sur l'ensemble de la rame ont été identifiées lors d'un test en gare d'Austerlitz.
Des chiens dans les bagages
Une autre facilité est sur le point de voir le jour, le privilège officiel de « nicher » les chiens-guides dans les emplacements bagages. La SNCF planche sur un projet d'autocollant pour spécifier qu'ils sont prioritaires mais la date de mise en œuvre n'est pas encore fixée, peut-être un ou deux ans.
Et les autres compagnies ?
Et pour les TER (transport express régional) ? Rien n'est prévu pour le moment « mais c'est moins problématique car on trouve souvent des places, qui ne sont d'ailleurs pas réservées », ajoute Pierre-Marie. Cet expert accessibilité, qui fait également partie du groupe d'experts d'usage accessibilité de Paris 2024, entend maintenant sensibiliser les autres compagnies comme la Renfe (espagnole), Trenitalia (italienne)…
Onglet accès facile
Rappelons, enfin, qu'un nouvel onglet « Accès facile » a également fait son apparition lors du choix de la place qui permet pour les personnes ayant des difficultés de déplacement (senior, personnes à mobilité réduite, femmes enceintes…) de se voir attribuer des sièges à proximité des entrées sans avoir à produire d'attestation spécifique. On a fait un (seul) test sur un Paris-Nantes et ça a matché !
© LinkedIn Pierre-Marie Micheli