Moins de trois mois après son amputation de la jambe droite, liée à la rechute d'un cancer du genou, le Monsieur rugby de France Télé Matthieu Lartot va retrouver l'antenne pour le Mondial, fort d'un « rétablissement éclair » motivé par son amour de l'ovalie. Eloigné du petit écran et des stades depuis l'annonce de sa maladie en avril, le journaliste de 43 ans commentera sept matches sur les dix revendus au service public par TF1, principal diffuseur de la compétition organisée en France à partir du 8 septembre 2023. « On y va avec entrain, avec passion, on est très, très impatients », assure Matthieu Lartot lors d'un entretien à l'AFP, quelques jours avant de reprendre le micro pour le choc entre les Sud-Africains, champions du monde en titre, et les Ecossais, dimanche à Marseille. Un retour à « la vie normale », synonyme d'exploit pour celui qui a dû combattre le cancer une deuxième fois, 26 ans après une première tumeur au genou. Après le diagnostic, « un peu brutal », le journaliste « a tout de suite positivé », sachant « exactement à quoi (s')attendre en termes de traitement, de chimiothérapie » et étant « mentalement préparé » à l'éventualité d'une amputation, pratiquée le 16 juin 2023.
Un retour à l'antenne plus rapide que prévu
Le Mondial -diffusé par France Télé pour la première fois depuis 2011- en ligne de mire, « je me suis mis comme les joueurs de l'équipe de France dans un état d'esprit de sportif de haut niveau ». Résultat, deux mois et demi après son opération, le commentateur rugby et tennis faisait son retour le 3 septembre 2023 sur le plateau de « Stade 2 ». Cinq jours plus tard, il ira soutenir les Bleus face aux All Blacks pour le match d'ouverture. Les professionnels de son centre de rééducation estimaient pourtant qu'il lui faudrait quatre mois pour recommencer à se déplacer. Mais « j'ai eu beaucoup de chance d'être à la fois très bien entouré médicalement » et d'avoir « très bien cicatrisé », ce qui a permis un appareillage rapide. Sans compter le visionnage de vidéos de gens amputés ou encore les nombreux « petits conseils » donnés par des athlètes paralympiques. Le rugby lui a ainsi servi de « moteur », après lui avoir déjà sauvé la vie. C'est à l'issue d'une blessure que l'ancien demi de mêlée de l'AS Mantes (Yvelines) avait découvert à 16 ans sa première tumeur. « Sans cela, cela aurait été peut-être pire », reconnaît-il.
Parler publiquement
Faute de devenir joueur professionnel, il s'est tourné vers le journalisme. Dès la résurgence de la maladie, il a tenu a être « transparent », en l'annonçant sur les réseaux sociaux, « par souci de protéger » ses proches et parer aux spéculations qu'entraînerait son retrait de France Télé. De quoi contribuer, à l'instar d'autres personnalités comme sa consoeur Laurie Delhostal ou le chanteur Florent Pagny, à la libération de la parole autour du cancer. « On peut vite avoir honte d'être malade », explique Matthieu Lartot, relatant par exemple sa « trouille », plus jeune, de se voir refuser un crédit immobilier. Or « c'est assez vertueux » d'en parler publiquement, juge le commentateur, touché par les nombreux messages de soutien et de remerciements reçus notamment de la part de victimes de son type de cancer, « très rare ».
Une asso en projet
Il envisage désormais de monter une association pour aider les adolescents qui en souffrent à accéder à des prothèses de genou, les plus sophistiquées -autour de 100 000 euros- n'étant pas remboursées par la Sécurité sociale. Marchant avec une canne, il assure qu'il n'aura « aucune difficulté » à couvrir le Mondial, « compétition internationale majeure avec des grands stades qui sont tout à fait adaptés » à son handicap. Mais certaines enceintes le seront moins, et de nombreux « aménagements » restent à faire « dans la vie de tous les jours », notamment dans les transports en commun. « Ce serait bien que les Paralympiques (prévus l'année prochaine en France) profitent sur le long terme à toutes les personnes handicapées, et pas seulement pendant 15 jours », lance-t-il.
© Instagram Matthieu Lartot