Salaires: les "derniers oubliés du Ségur" montent au créneau

Le Groupement national des établissements publics sociaux et médico-sociaux lance "l'appel des 100 pour les derniers oubliés du Ségur". Amers, des agents de la fonction publique réclament des revalorisations salariales au gouvernement.

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Par Damien Gaudissart

Employés de structures spécialisées dans le handicap ou la protection de l'enfance, conseillers d'insertion et de probation... Des agents publics qui s'estiment "oubliés" de la dernière mouture du "Ségur de la santé" réclament des revalorisations salariales au gouvernement.

L'appel des 100 pour les oubliés du Ségur

La brouille remonte au 18 février 2022. En clôture de la Conférence sur les métiers de l'accompagnement social et médico-social, le Premier ministre Jean Castex annonce une "revalorisation de 183 euros nets par mois aux professionnels de la filière socio-éducative", cofinancée par les départements. La mesure, qui concerne notamment "30 000 personnels sous statut de la fonction publique", doit rétablir l'"équité avec les personnels soignants" qui ont bénéficié d'augmentations similaires lors du Ségur de la santé en 2020. Mais alors que les 183 euros devaient commencer à être versés en avril, plusieurs catégories d'agents publics se plaignent d'être exclus du dispositif. C'est le cas du Groupement national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo), qui a lancé "l'appel des 100 pour les derniers oubliés du Ségur".

Iniquité pour 3 000 agents hospitaliers

Dans une lettre à la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, "plus de 100" directeurs et directeurs adjoints d'établissements sociaux et médico-sociaux publics s'étonnent de l'"absence de reconnaissance" pour certains métiers. "Les personnels des services généraux (cuisine, atelier, agents de maintenance, chauffeurs, agents d'entretien) et des services administratifs ont assuré eux aussi la continuité du service pendant toute cette période difficile" liée à la pandémie de Covid-19, soulignent-ils. "Comment comprendre alors (...) leur exclusion" du dispositif de revalorisation, s'interrogent les directeurs. Selon les calculs du GEPSo, quelque 3 000 agents de la fonction publique hospitalière, majoritairement dans "le secteur du handicap et de la protection de l'enfance", seraient touchés par cette "iniquité de traitement".

Une "logique de métier"

Les augmentations sont accordées selon "une logique de métier plutôt que de statut", justifie Matignon auprès de l'AFP. "On se concentre sur l'activité socio-éducative, sur les gens qui sont au contact des personnes" prises en charge dans les structures médicales et médico-sociales, précisent les services du Premier ministre. Un argument qui pourrait en théorie inclure les près de 6 300 agents des services pénitentiaires d'insertion et de probation (Spip) dans le périmètre du dispositif. En leur qualité de "travailleurs sociaux du ministère de la Justice", ces agents de la fonction publique d'Etat estiment relever pleinement de la filière socio-éducative concernée par les revalorisations, expliquent la CGT Insertion Probation et l'Ufap Unsa Justice dans un communiqué. Mais "le gouvernement ne semble pas du même avis et les arbitrages interministériels s'évertuent à écarter l'ensemble des personnels de cette revalorisation", regrettent les deux syndicats.

Manifestations "ludiques"

Matignon affirme être "en train d'instruire le sujet", tout en reconnaissant que les Spip ne font pas partie du "cœur de cible" des métiers ayant vocation à être revalorisés. Pour tenter d'infléchir la position de l'exécutif, la CGT et l'Unsa ont appelé à la mobilisation dans les Spip, le 7 avril 2022. "On n'a pas le droit de grève donc c'étaient des manifestations à l'intérieur, souvent sur les temps de pause. Ça a été assez ludique : des petits-déjeuners collectifs, des affichages de pancartes", détaille Julien Magnier, secrétaire national de la CGT IP.

Une prime "volatile"

Dans la fonction publique territoriale, où le projet de décret encadrant les augmentations de 183 euros pour certains agents a été examiné le 6 avril, les syndicats ont aussi fait part de leur scepticisme. Ils regrettent en particulier que la revalorisation, qu'ils espéraient automatique, prenne finalement la forme d'une prime, soumise à une délibération de la collectivité dont chaque agent territorial dépend. "Une prime, c'est volatil", soupire Pascale Paris de l'Unsa Territoriaux. "Tout le monde s'accorde à dire que ces métiers sont dévalorisés, pas assez rémunérés, en manque d'attractivité mais personne ne veut financer leurs augmentations", déplore pour sa part Interco CFDT. Selon le gouvernement, "si on veut rendre (la prime) obligatoire, il faut passer par la loi", un processus trop chronophage pour le mettre en œuvre avant la fin du quinquennat. "Le Parlement ne siège plus, c'est vraiment pour aller le plus vite possible" qu'un système de prime a été retenu, soutient l'exécutif.

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