Les musiciens électro Jean-Michel Jarre et Laurent Garnier ou encore l'ancien ministre de la Culture Jack Lang contestent dans une tribune le bien fondé d'un décret publié en août limitant le niveau sonore de la musique dans les festivals ou les discothèques. Cette tribune, diffusée le 23 octobre 2017 dans la version papier du quotidien Libération, soutient une demande d'annulation du décret, auprès du Conseil d'État, déposée le 9 octobre par Aurélien Dubois le président de la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes (Ex-CSCAD).
Protéger les artistes
Le collectif, qui affirme vouloir « protéger à la fois les artistes, les exploitants des lieux clos et ouverts et les festivals », considère que « la limitation du niveau sonore de la musique dans les lieux publics dénature les œuvres et va à l'encontre la liberté de création ». Parmi les mesures de ce décret paru début août (article en lien ci-dessous) visant à « protéger l'audition du public », le niveau sonore moyen, mesuré sur 15 minutes, ne pourra plus dépasser 102 décibels alors que le niveau maximal était fixé depuis 1998 à 105 décibels. Lorsque le public visé est constitué d'enfants jusqu'à six ans, la limite est établie à 94 décibels.
Dans un an
Ces obligations d'affichage et d'enregistrement s'appliqueront d'ici un an à toutes les discothèques et tous les festivals, ainsi qu'aux autres lieux diffusant de la musique amplifiée « à titre habituel » et dont la capacité d'accueil est supérieure à 300 personnes. « Ce décret entraînera inéluctablement le déclin de la fréquentation et, du même coup, une baisse importante des recettes des établissements festifs et des festivals », déplorent les signataires, parmi lesquels figurent aussi l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie), des festivals (Solidays, Hellfest, Weather) et des salles (Rex club, La Machine du Moulin Rouge).
Info sur les risques auditifs
Autres mesures du décret : les lieux concernés devront « informer le public sur les risques auditifs », « mettre à disposition du public à titre gratuit des protections auditives » du type bouchons d'oreilles et « créer des zones de repos auditif ou, à défaut, ménager des périodes de repos auditif » durant lesquelles le niveau sonore ne dépassera pas 80 décibels. « Pour les plus petits établissements, auquel le public français reste fidèle, de tels investissements signifieraient la mort », affirme le collectif. En France, 12 à 13% de la population, soit 6 à 8 millions de personnes sont touchées par des problèmes d'audition, selon l'association JNA (Journée nationale de l'audition). Selon le Centre d'information et de documentation sur le bruit, « notre oreille commence à souffrir sans que nous le sachions à partir d'une exposition à 85 décibels pendant 8 heures ».