Les personnes schizophrènes font-elles plus de nuits blanches ? Oui, répond une étude menée sur 562 patients au sein des dix Centres experts schizophrénie de la Fondation FondaMental sur 562 patients et publiée dans Progess in Neuropsychopharmacology and Biological Psychiatry en février 2021. Elle révèle que les troubles du sommeil sont un phénomène fréquent dans ce public, et plus globalement chez les personnes avec des troubles psychiques. Plus d'un patient sur deux serait concerné, avec un impact notable sur leur vie : troubles d'endormissement, réveils nocturnes, excès de sommeil ou somnolence durant la journée. 58 % exactement ! C'est quatre fois plus que dans la population générale française (13,1 %) et cinq fois plus qu'au niveau mondial (10 %).
Plusieurs causes
« D'après notre expérience clinique, notre hypothèse était que les troubles du sommeil seraient fréquents et associés à une dépression majeure, à une diminution de l'activité physique, à une mauvaise observance et aux effets secondaires des traitements », explique Pierre-Louis Sunhary de Verville, psychiatre à l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille. Sont également en cause la migraine ou encore l'akathisie, c'est-à-dire l'impossibilité de s'asseoir ou de rester dans la position assise avec un besoin irrépressible d'agitation, due à un effet secondaire de certains antipsychotiques. A ce jour, peu de recherches se sont intéressées à cette prévalence des troubles du sommeil et aux facteurs de risque associés. Objectif de cette exploration ? Améliorer à la fois la qualité de vie des patients mais aussi le traitement de base qui leur est prescrit.
Des actions possibles
« Les centres experts proposent des interventions multi-facettes comme la psychothérapie ou les modifications de traitement qui peuvent améliorer les troubles du sommeil dans la schizophrénie », témoigne le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur. Par exemple, la thérapie cognitive et comportementale pour l'insomnie (TCC-I) est spécifique au traitement des troubles du sommeil qui a montré son efficacité. La meilleure stratégie ? Améliorer l'observance du traitement, traiter le trouble dépressif majeur et corriger l'akathisie. « Nos résultats suggèrent également que traiter les troubles du sommeil pourrait potentiellement améliorer la dépression, l'agressivité et la qualité de vie des patients », ajoute le Dr Fond. Des études complémentaires sont maintenant nécessaires pour confirmer l'efficacité de ces interventions.