« Heureux, fatigué et ému. » Trois mots suffisent à Sébastien Peytavie pour décrire ses impressions au lendemain de son élection de député de la quatrième circonscription de la Dordogne sous l'étiquette de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Ce psychologue clinicien, candidat aux européennes en 2019 sur la liste du mouvement Génération.s de Benoît Hamon, a fait sa rentrée au palais Bourbon le 21 juin 2022. Une rentrée pas tout à fait comme les autres puisqu'il est le premier député de l'histoire de l'Assemblée nationale en fauteuil roulant (article en lien ci-dessous). Handicapé suite à une opération du cœur lorsqu'il était enfant, Sébastien Peytavie s'est déjà frotté aux difficultés d'accessibilité de l'hémicycle en ce premier jour de mandature.
« L'hémicycle est trop petit »
« On ne peut pas rentrer par l'entrée principale parce qu'il y a des marches, décrit-il. En revanche, il y a un accès sur le côté avec ascenseur, et le personnel se montre très prévenant. » A l'intérieur, même configuration. Impossible pour l'élu de Dordogne de se rendre en haut de l'hémicycle. Ce sera donc aux côtés des ministres, au rez-de-chaussée, que Sébastien Peytavie siégera et non dans les rangées supérieures classées par couleur politique et par ordre alphabétique. La question des travaux a été posée mais « ils ne sont pas envisageables », indique-t-il. Installer un monte-charge ou des rampes ne sont pas non plus à l'ordre du jour, « l'hémicycle est trop petit », constate le député qui réclame en revanche que son groupe politique « s'installe juste derrière lui afin d'échanger lors des séances à l'Assemblée ».
Des aménagements de dernière minute
Si des travaux de rénovation ne sont pas prévus, quelques aménagements de dernière minute ont tout de même été engagés dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 juin, notamment pour permettre à l'élu de bénéficier d'un boîtier de vote et peut-être d'un micro à proximité. « J'ai reçu un appel lundi matin d'un des responsables techniques de l'Assemblée pour savoir quels étaient mes besoins. Ils ont été très réactifs », relativise Sébastien Peytavie qui n'a pu encore vérifier l'accessibilité des bureaux et sanitaires du palais Bourbon. « Chaque groupe va batailler pour récupérer des bureaux, signale-t-il. Ma situation en fauteuil sera peut-être un nouveau paramètre à prendre en compte pour déterminer leur répartition par groupe politique. »
Ne pas rester cantonné au handicap
En attendant, Sebastien Peytavie s'est déjà mis au travail. « L'urgence, c'est d'abord la question du pouvoir d'achat. De nombreuses personnes doivent aujourd'hui choisir entre dépenser 20 euros d'essence et 20 euros pour quelques courses alimentaires. On ne peut pas laisser cette situation perdurer », explique-t-il. Viennent ensuite les questions climatiques sans oublier le champ du handicap, sujet pour lequel le parlementaire ne veut pas devenir un porte-étendard bien qu'il reste sur ce point vigilant. « Nous souhaitons bien évidemment revenir sur l'individualisation de l'Allocation adulte handicapé (AAH). Il y a de très mauvais signaux envoyés par le gouvernement depuis sa nomination, comme la Première ministre, Elisabeth Borne, qui invite à la radio une auditrice en situation de handicap à trouver du travail », se désole-t-il (article en lien ci-dessous). Enfin, les déserts médicaux seront également au programme de ses prochaines semaines de travail : « Moi qui suis issu du milieu rural, il faut parfois faire une heure de route pour aller à l'hôpital et attendre entre six mois et un an pour rencontrer certains spécialistes ». Faire le trait d'union « entre l'échelon local et national », « rapprocher la circonscription de l'hémicycle »... Le défi s'annonce corsé et ambitieux !