Déferlante dans les medias généralistes le 7 mai 2019 au matin ! Sophie Cluzel annonce dans Le Parisien que l'allocation adulte handicapé sera revalorisée de 40 euros le 1er novembre 2019. Présentée comme un scoop par la presse française, cette mesure a pourtant été annoncée dès septembre 2017 par Edouard Philippe en personne à l'occasion du premier Comité interministériel du quinquennat Macron, répondant à la promesse d'Emmanuel Macron alors qu'il était candidat. « Un effort supplémentaire de 2 milliards d'euros sur le quinquennat » pour « corriger le niveau insuffisant de cette allocation », selon le Premier ministre.
+ 90 euros au total
L'AAH à taux plein a donc déjà augmenté de 50 euros le 1er novembre 2018 pour atteindre 860 euros mais, dans ce contexte de hausse exceptionnelle, elle n'a pas été réévaluée le 1er avril 2019 comme c'est le cas chaque année (article en lien ci-dessous). « Ce gain de 90 euros mensuel en deux ans est une avancée énorme pour près de 1,1 million de personnes », affirme la secrétaire d'État au Handicap. Avec un montant de 900 euros le 1er novembre 2019, elle restera malgré tout en dessous du seuil de pauvreté fixé, en France, à 1 026 euros par mois.
Vers un revenu universel ?
Dans un communiqué, l'Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs (Anpihm) se prononce pour « un revenu de remplacement égal au smic sans prise en compte des ressources du conjoint ». Selon Sophie Cluzel, l'ouverture des travaux sur la simplification des minima sociaux et leur fusion en un revenu universel d'activité, lancé en mars 2019 et promis pour 2020 pour aider les personnes à sortir de la pauvreté, sera l'occasion d'évaluer l'ensemble des dispositifs qui existent et notamment les règles qui conditionnant l'aide aux revenus du conjoint, revendication majeure des associations de personnes concernées. « Tout sera discuté : l'AAH ou encore la prestation de compensation du handicap (PCH) », explique la secrétaire d'État dans Le Parisien, affirmant que la prochaine Conférence nationale du handicap (CNH) qui doit se clôturer à L'Elysée cet été (article en lien ci-dessous) va permettre « d'accélérer les mesures concrètes ».
Une caravane de mécontents
Au même moment, le 7 mai, le 2ème baromètre (APF France handicap/IFOP) révèle que 89 % des personnes handicapées sondées n'attendent rien de ce gouvernement pour prendre en compte de leurs difficultés. Un chiffre salé ! Il indique également que près d'un tiers d'entre elles ont été impactées positivement ou négativement par la réforme de l'AAH. 68 % estiment que cette revalorisation n'a rien changé et 16 % déplorent même avoir perdu certains droits. A contrario, 16 % sont satisfaits d'avoir pu en bénéficier, en grande majorité des jeunes célibataires, contrairement aux personnes vivant en couple, pénalisées par la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'allocation. « De plus en plus de jeunes en situation de handicap hésitent à se marier à cause de cela, mais dans quel monde vit-on ? », interroge Alain Rochon, président d'APF France handicap. Le même jour, l'association lance sa caravane « En route pour nos droits » pour protester contre une politique du handicap qui, selon elle, « n'est pas à la hauteur ». L'association regrette que les droits ne soient « pas appliqués, voire en recul » et que les « situations se dégradent ». Elle sillonnera la France jusqu'au 14 mai 2019, avant de rejoindre Paris. 14 mai, date symbolique ? Ce sera les deux ans de l'élection d'Emmanuel Macron. Ce jour-là, l'association souhaite remettre une lettre ouverte au chef de l'Etat, déjà signée par 15 578 personnes.