SOS : 714 000 malades chroniques sans médecin traitant!

Les 714 000 Français avec une maladie chronique dépourvus de médecin traitant devaient se voir proposer une solution avant fin 2023 sur l'ensemble du territoire. Mais le gouvernement consent que ce ne sera pas le cas.

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DERNIERE MINUTE DU 13 DECEMBRE 2023
Dans une interview accordée à France info le 13 décembre 2023, Agnès Firmin Le Bodo reconnaît qu'il n'y aura pas un médecin pour chaque patient atteint d'une affection de longue durée d'ici la fin de l'année, comme l'avait promis Emmanuel Macron. « 180 000 (patients souffrant d'une maladie chronique) de mémoire, ont trouvé un médecin traitant », a chiffré la ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, sur les 600 000 référencés (en mars 2023, c'est le chiffre de 714 000 qui était avancé). « Mais tous ont reçu un courrier de la Caisse nationale d'assurance maladie, donc ils sont tous identifiés », a insisté la ministre, ajoutant que « certains n'en voulaient pas non plus de médecin traitant ».

ARTICLE INITIAL DU 17 MARS 2023
6 millions de Français n'ont pas de médecin traitant. 714 000 d'entre eux souffrent d'une maladie chronique (diabète, sclérose en plaques, cancer, endométriose, troubles psychiques...), qui nécessite pourtant un suivi médical régulier. Un chiffre en constante augmentation, notamment du fait du vieillissement de la population et d'une désertification médicale croissante. « Dramatique », « plus acceptable ! », assène François Braun, ministre de la Santé. Principales conséquences : un moindre accès et un renoncement aux soins.

Un plan d'actions pour renforcer leur suivi

Pour leur offrir une solution avant fin 2023, Mr Braun a présenté son plan d'actions avec l'Assurance maladie, le 13 mars 2023, lors d'un déplacement à la CPAM du Val-de-Marne. « Il s'agit de la plus grosse campagne d'aller vers nos concitoyens qui sont éloignés du soin depuis la crise du Covid », affirme-t-il. L'enjeu ? Renforcer leur suivi et leur donner accès à un parcours de soins coordonné. Ce plan accorde une vigilance particulière à l'accompagnement des plus fragiles, notamment les résidents des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et celles rencontrant des difficultés de mobilité.

Des départs à la retraite à combler

Certes, parmi ces 714 000 patients, 25 %, soit un quart, consultent un médecin assez régulièrement, « même s'il n'est pas identifié comme leur médecin traitant », précise François Braun. Mais 11 % n'ont vu aucun praticien en ville en 2021, contre seulement 2 % des patients en ALD avec un médecin traitant. L'objectif du gouvernement ? « Stabiliser cette courbe et ensuite l'inverser. » Problème ? Le manque de médecins, et leur âge avancé. « Dans le Val-de-Marne, 40 % des généralistes ont plus de 60 ans et vont partir à la retraite dans les années qui viennent, donne-t-il en exemple. Il va également falloir traiter leurs patients chroniques. »

Contacter chaque patient en ALD : un travail de fourmi

Pour ce faire, des agents des caisses d'Assurance maladie vont adresser, dès fin mars 2023, un courrier postal ou un courriel à l'ensemble des personnes âgées de 17 ans et plus en ALD sans médecin traitant pour les informer du lancement « d'actions attentionnées » afin de les accompagner dans leur recherche de médecin traitant et pour les informer de leur droit d'opposition à cette démarche et à la transmission d'informations aux praticiens. « Un véritable travail de fourmi, sur-mesure, quasiment patient par patient car chaque cas et chaque territoire est unique », consent François Braun. Les aider mais aussi les sensibiliser sur l'importance du rôle du généraliste. « Même si l'on est suivi par des spécialistes pour sa pathologie chronique, le médecin traitant reste le cœur du dispositif, le correspondant essentiel dans la prise en charge, c'est sur lui que notre système de santé doit s'appuyer le plus possible », estime Mr Braun.

Inciter les médecins traitants à se déclarer

Puis l'Assurance maladie va identifier les patients en ALD ayant consulté au moins trois fois le même médecin dans l'année, sans qu'il soit déclaré comme leur médecin traitant : 183 000 personnes seraient concernées, soit 25 % de ce public. Elle invitera ensuite ces mêmes médecins à les déclarer dans leur patientèle, avec leur accord, afin que ces patients soient pris en compte pour le calcul du forfait médecin traitant, plus favorable financièrement. « Si tel est le cas, l'Assurance maladie pourra contacter ces derniers et éventuellement les aider à finaliser la démarche de déclaration d'un médecin traitant », ajoute l'organisation. L'enjeu est également de simplifier les démarches administratives pour les professionnels de santé. « Plusieurs autres actions s'appuieront ensuite sur les acteurs de santé des territoires. Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), les maisons de santé pluriprofessionnelles, les centres de santé seront notamment mobilisés », complète l'Assurance maladie.

Objectif 0 malade chronique sans médecin traitant

Cette initiative permettra-t-elle d'atteindre l'objectif fixé par le président de la République lors de ses vœux au monde de la santé : zéro malade chronique sans médecin traitant d'ici la fin du quinquennat, soit 2027 ? « Le Val-de-Marne a déjà fait une expérimentation en 2022 qui a montré la faisabilité de cette procédure », assure le ministre de la Santé. « Laissons désormais chaque territoire » suivre ces traces, incite-t-il, assurant suivre cette mise en œuvre de près afin de voir si des adaptations sont nécessaires dans certains lieux.

La nouvelle convention médicale rejetée

Pour y parvenir, le gouvernement comptait notamment sur le renouvellement de la convention médicale signée entre les médecins libéraux et la Sécurité sociale en ce début d'année 2023. La Cnam avait notamment proposé une consultation revalorisée à 30 euros pour les médecins qui s'engageaient à « augmenter l'offre médicale » et à « participer aux besoins de soins du territoire », par exemple en ouvrant leur cabinet le samedi ou augmentant leur temps de travail ou leur patientèle. Elle prévoyait aussi de rémunérer les consultations avec des malades chroniques âgés de plus de 80 ans, à hauteur de 60 euros, à raison de deux consultations par an. Mais, fin février, le projet de convention a été rejeté par les deux principaux syndicats du secteur. Un arbitre devrait prochainement être désigné pour trouver un accord entre la Cnam et les médecins d'ici à trois mois.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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