Nujeen Mustafa, une Syrienne de 20 ans souffrant de paralysie cérébrale, a exhorté, le 24 avril 2019, au cours d'un témoignage émouvant, le Conseil de sécurité de l'ONU à rendre visibles "les invisibles", les personnes en situation de handicap, en Syrie. En 2014, alors qu'elle avait 16 ans, la jeune femme avait -après avoir passé des jours réfugiée dans sa salle de bains à Alep à se protéger de bombardements aériens- entrepris un long voyage vers l'Allemagne en fauteuil roulant. Deux ans plus tard, elle racontait son périple dans un livre intitulé sobrement Nujeen (article en lien ci-dessous). En quelques années, elle est devenue une militante des droits des personnes handicapées dans les conflits, tentant de sensibiliser Etats et agences de l'ONU à leur inclusion dans l'aide humanitaire.
Une première pour l'ONU
"J'appelle tous les membres du Conseil à faire davantage pour s'assurer que l'aide humanitaire réponde aux besoins urgents des populations touchées par le conflit, notamment les personnes avec un handicap", a affirmé Nujeen Mustafa, qui étudie en Allemagne."Il y a très peu de données sur le nombre de personnes handicapées vivant en Syrie ou ayant fui dans les pays voisins et sur leurs besoins. Sans données, les programmes d'aide et les politiques ne peuvent y répondre. Nous sommes invisibles", a-t-elle déploré."C'est la première fois que le Conseil de sécurité se penche formellement sur les droits de ces personnes prises au piège dans des conflits armés", s'est félicité Human rights watch dans un communiqué, en réclamant une action urgente "pour améliorer leur protection".
Focus sur le dernier bastion jihadiste
La jeune Syrienne a longuement attiré l'attention de l'ONU sur la situation à Idleb. Dans cette ville, "il y a plus de 175 000 personnes handicapées, beaucoup le sont devenues après avoir été blessées dans le conflit. Le Conseil de sécurité ne peut laisser Idleb devenir un nouvel Alep", a-t-elle imploré.Un appel appuyé par la responsable au département des Affaires humanitaires de l'ONU, Ursula Mueller : "Bien plus de 200 civils y sont morts depuis février en raison de l'augmentation des affrontements militaires et d'attaques", a-t-elle indiqué. Idleb, où vivent quelque 3 millions de personnes, héberge le dernier bastion jihadiste en Syrie.