« Ce n'est pas une finalité d'organiser les Jeux de Paris 2024. Ensuite, il faut que toutes les personnes qui auront vu ça à la télé ou dans les stades puissent toquer à la porte du club de sport d'à côté. Et c'est là que le bât blesse », affirme Sébastien Claeys, responsable de la communication au sein de l'espace éthique d'Ile-de-France. Aujourd'hui encore, 48 % des personnes en situation ne pratiquent pas d'activité physique et sportive, contre 34 % des personnes valides, d'après le Comité paralympique et sportif français (CPSF). Parce que le sport réduit le risque de développer une maladie chronique et contribue à améliorer la santé et la qualité de vie, les actions de promotion du « sport-santé » se multiplient (article en lien ci-dessous). Après le « Guide des parasports », rédigé par le CPSF et l'Association nationale des élus en charge des sports (ANDES), une charte « sport et handicap » a été inaugurée le 21 novembre à la Maison des métallos à Paris et devrait essaimer un peu partout en France, dans les fédérations sportives, les universités, les associations, les entreprises...
Rédigé par le collectif « Sport en commun »
Imaginé par l'espace éthique d'Ile-de-France, ce texte a été rédigé par une soixantaine d'acteurs de terrain, du monde du sport et du handicap, des institutionnels réunis au sein du collectif « Sport en commun ». L'objectif ? Changer les pratiques dans les différents lieux sportifs, de la fédération au petit club de proximité, pour favoriser un meilleur accompagnement des personnes en situation de handicap. Les grands principes de cette charte -l'accueil de toutes les différences, l'émancipation individuelle, le pouvoir d'agir dans la société, l'opposition féconde- sont déclinés dans un document d'une vingtaine de pages. « Nous n'avons pas voulu d'une charte avec des recommandations où il faut cocher des cases mais plutôt d'une feuille de route avec les bonnes perspectives que l'on peut facilement discuter sur le terrain, tout en gardant un côté universel pour que ces principes parlent au plus grand nombre », précise Sébastien Claeys. Vingt-et-un organismes, parmi lesquels la mairie de Paris, la Fédération française handisport (FFH) et de nombreuses associations, l'ont déjà adopté.
L'héritage de Paris 2024
Ils s'engagent ainsi à faciliter l'accessibilité des lieux d'accueil du public dans le cadre des Jeux de Paris 2024. « Mais, pour que ces Jeux soient une fête partagée, il ne suffira pas que les installations olympiques soient techniquement accessibles. Accueillir les personnes handicapées dans les meilleures conditions aux Jeux olympiques et paralympiques 2024 n'aura de sens que si nous leur donnons aussi accès aux lieux de pratique sportive de proximité, en termes d'accompagnement et d'accessibilité au sens large (technique, humaine, informationnelle, communicationnelle mais aussi économique et géographique) », nuance Sébastien Claeys. Dans la pratique, les signataires devront également valoriser « le choix libre d'une pratique sportive », « le développement de l'autonomie de la personne », prendre en compte « toutes les singularités » et sensibiliser « les encadrants et des accompagnants à la question du handicap ». Dans le cadre des cours d'EPS, les enseignants pourront par exemple adapter les règles du foot ou du basket aux personnes en situation de handicap. Les membres de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS) auront pour mission de promouvoir le « sport partagé » dans une logique de compétition.
« Un changement de culture énorme »
Ces ajustements impliquent en réalité « un changement de culture sportive énorme, admettant que le sport est là, certes, pour la performance mais aussi pour créer du lien social », selon Sébastien Claeys. Accessible sur le site de l'espace éthique d'Ile-de-France , la charte « sport et handicap » est gratuite et disponible en version Facile à lire et à comprendre (FALC). Pour l'obtenir en version papier et l'afficher dans l'enceinte de son établissement, il suffit d'en faire la demande via un formulaire en ligne. Enfin, une fois la charte entérinée, les signataires doivent se réunir annuellement pour « partager l'évaluation de leurs actions ».
Former plus de 3 000 clubs sportifs non spécialisés à l'accueil des personnes handicapées d'ici 2024, c'est également l'ambition du programme lancé par le CPSF le 3 décembre 2022, qui propose une sensibilisation et un accompagnement de terrain (article en lien ci-dessous).