Marseille, rue Aldebert. Il se gare sur une place réservée aux personnes handicapées. Pas de macaron. Alors, sur la façade, juste au-dessus de lui, s'affiche en lettres lumineuses, dégoulinantes, façon graff urbain, le message suivant : « L'incivilité est-elle un handicap ? ». Pris en flagrant délit, le contrevenant s'excuse platement et se remet au volant… En général. Car d'autres dégainent toujours la même excuse : « Je n'en ai que pour deux minutes ».
Une œuvre de street art
On doit cette expérience à Philippe Echaroux. Plus qu'une expérience, c'est une œuvre de « street art », « art de rue » qui prend ici tout son sens. Cet artiste marseillais, ancien éducateur spécialisé, défend l'idée d'un « art qui fait réfléchir, civique en somme ». Photographe autodidacte, il avait déjà expérimenté le handicap avec sa série intitulée Life is wonderfull (lien ci-dessous) qui met en images des personnes handicapées qui ont décidé de ne pas baisser les bras. Splendide ! L'art, nouvelle façon de communiquer sur un sujet souvent tabou ? Philippe avait repéré un appartement au-dessus de la place. Une dame a apprécié son projet et lui a prêté sa fenêtre pour filmer la scène. « Les automobilistes valides sont persuadés qu'on ne le voit pas, surtout la nuit, dans une rue mal éclairée, confie Philippe ». La main dans le sac !
D'autres idées insolites et insolentes
Ces dernières années, partout dans le monde, les initiatives originales se multiplient et, plutôt que de brandir le bâton, préfèrent infliger de petites humiliations. Au Brésil, un automobiliste retrouve sa voiture recouverte de post-it bleus formant le sigle d'un fauteuil roulant. A Moscou, une personne en hologramme se matérialise sous les yeux des indélicats pour les rappeler à l'ordre. A Lisbonne, une association investit pendant plus de deux heures toutes les places d'un parking du centre-ville avec une soixantaine de fauteuils roulants en laissant sur chacun d'eux le message suivant : « Je reviens tout de suite » (articles en lien ci-dessous). Des initiatives insolites et insolentes qui se veulent plus pédagogues que répressives…
© Capture d'écran Viméo.