TCA : le danger des conseils "minceur" sur les réseaux

Sur TikTok et Instagram, des vidéos "minceur" ciblent les jeunes et banalisent les troubles du comportement alimentaire. Sous des hashtags comme #SkinnyTok, ces contenus toxiques prolifèrent, malgré les alertes des spécialistes.

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Des ventres creux, des visages émaciés et des corps saillants, exposés à la salle de sport. Avant chaque été, ces images abondent sur les réseaux sociaux et un refrain, bien connu des femmes notamment, se propage. Il se résume désormais sous des hashtags #SkinnyTok, #SummerBody, #WhyIEatInADay, qui prodiguent des conseils minceurs (maigreurs), si possible en un temps record. Objectif : perdre tous ses kilos en trop. Le public cible : les 13-25 ans, une tranche d'âge particulièrement active sur TikTok. Résultat, les troubles des conduites alimentaires n'ont jamais été aussi élevés, notamment dans cette frange de la population.

Une culture du corps irréaliste

Car ces hashtags, notamment le #SkinnyTok, « trend » récente sur TikTok, alimentent une culture du corps extrême et irréaliste, encouragée par l'algorithme. Malgré les messages d'avertissement mis en place par la plateforme chinoise, la prolifération de contenus sur l'apparence et les tendances nutritionnelles dangereuses génère des millions de vues et favorise la banalisation des troubles du comportement alimentaire (TCA). Ainsi, 600 000 personnes souffrent de TCA en France selon le ministère de la Santé. Pour l'anorexie, l'âge moyen de déclenchement se situe entre 14-17 ans, soit exactement le public cible.

Conseils nutritionnels non avisés

« Les formats ont évolué vers la promotion de contenus plus nombreux, rendus ultra accessibles, en grande quantité, via des algorithmes opaques » indique la Fédération Française Anorexie Boulimie. Et d'ajouter : « Le phénomène #SkinnyTok souligne l'urgence de mesures générales concernant les réseaux sociaux et la santé mentale des jeunes. » Selon Nathalie Godart, pédopsychiatre spécialiste des troubles des conduites alimentaires, « au-delà du phénomène du SkinnyTok, très médiatisé, ce qui pose problème plus globalement, « ce sont les conseils nutritionnels non avisés (jeûne, restriction, "100 calories challenge"…) », qui sont « très dangereux pour la santé mentale et physique des adolescents, alors en pleine croissance ». Ces messages présentés comme des conseils « bien-être » sont d'autant plus problématiques qu'ils s'insinuent dans le quotidien de ces jeunes de façon répétée, devenant ainsi leur norme.

Quelles pistes ?

Alors, quelles pistes de solution pourraient être envisagées ? Par exemple, la « régulation des algorithmes et signalements pourraient être renforcés », avec une « intervention du législateur », propose Nathalie Godart. Les associations spécialisées dans les TCA suggèrent également d'organiser des campagnes d'éducation aux réseaux et à la santé mentale, d'augmenter la présence de contenus alternatifs, notamment sur la santé positive, la diversité corporelle. Enfin, promouvoir un encadrement de l'information nutritionnelle par des professionnels.

©Canva / Kaboompics.com de Pexels

jeune fille sur son téléphone
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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