Trisomie 21 : ces travailleurs qui ont rêvé grand...

88 % des personnes avec une déficience intellectuelle convoitent le milieu ordinaire. Une asso lance une campagne de sensibilisation pour montrer que c'est possible, et incite le grand public et les employeurs à se mobiliser. Parcours inspirants.

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Un salarié avec trisomie 21 heureux qui lève les bras, entouré de ses collègues.

A 9 ans, Noah rêve de devenir pompier. Et ce n'est certainement pas sa trisomie 21 qui va contrarier ses plans. « Les rêves des enfants n'ont pas de limite, tâchons de ne pas leur en ajouter par manque d'ambition », incite Emmanuel Guichardaz, responsable de projets chez Trisomie 21 France, qui lance, à l'occasion de la Journée nationale de la trisomie 21 du 19 novembre 2023, une campagne de sensibilisation pour montrer que « c'est possible ». Comme Noah, 88 % des personnes avec une déficience intellectuelle souhaitent travailler dans le milieu ordinaire*.

Des parcours inspirants

« Comment on peut dire que ce n'est pas possible quand on n'a pas essayé ! J'aime ma vie comme les autres », clame Maud, qui travaille dans restaurant. Pour Clément, salarié d'une grande enseigne de supermarché, « le travail c'est important. Je ne veux pas rester chez moi. Ce que j'aime, c'est venir ici, avec des collègues qui sont super », confie-t-il. Eléonore Laloux ne s'est mise aucune barrière. Cette passionnée de politique, et surtout d'humain, travaille dans une crèche mais, en mars 2020, elle est aussi devenue la première conseillère municipale avec trisomie 21 en France « Je suis positive, carrée et déterminée. Je suis une fille qui sait ce qu'elle veut », explique celle qui « amène du pep's et de la couleur » à Arras (Pas-de-Calais). En octobre 2021, c'est la consécration. A 36 ans, elle est sacrée chevalier de l'Ordre national du mérite (Lire : Eléonore, 1ère jeune femme avec trisomie sacrée "chevalier" ).

Une journaliste ambitieuse

Jeanne Métivier a elle aussi eu raison de croire en ses rêves... « Je veux faire de la radio depuis que je suis au collège », confie-t-elle. « Je veux parler et être entendue. Les personnes avec un handicap mental sont invisibles dans les médias donc il y a une carte à jouer », explique cet « as » du journalisme. Scolarisée en milieu ordinaire jusqu'au lycée, la jeune femme aujourd'hui âgée de 24 ans s'entend longtemps dire « qu'elle irait en Esat » avec, pour seules options, « la restauration ou l'horticulture ». Après un CAP en restauration peu convaincant, elle retourne à ses premières amours et suit des cours du soir de radio. Mais les stages n'aboutissent pas. En 2022, la naissance d'AirZen radio, qui se définit comme « 100 % positive », va tout changer... Elle décroche un CDI de journaliste à temps partiel en mai 2023. Depuis, elle anime l'émission Dans les yeux de Jeanne, dans laquelle elle livre sa vision du monde, des relations, ses goûts, ses idées... Elle a également été formée sur le montage avec un clavier adapté et à la réalisation de reportages. Ambitieuse, elle travaille en parallèle sur plusieurs projets, comme l'adaptation de l'actualité en facile à lire et à comprendre (FALC) avec Vivre FM.

Une insertion en milieu ordinaire dès l'école

« Pouvoir travailler et choisir son métier est l'une des clés fondamentales d'une société plus inclusive », martèle Trisomie 21 France. Et cette ambition se construit dès le plus jeune âge. « Permettre aux élèves en situation de handicap d'étudier en classe avec les autres enfants, c'est mettre toutes les chances de leur côté pour une insertion réussie en milieu ordinaire une fois adulte », poursuit cette fédération qui réunit une cinquantaine d'associations. Et, in fine, c'est « un enrichissement à la fois pour les salariés et pour l'entreprise », estime-t-elle.

Une formation pour faire entendre sa voix

Pour que les personnes avec trisomie 21 puissent s'exprimer dans le monde du travail, elle propose une formation à l'autoreprésentation. Leitmotiv ? « Savoir parler pour soi et pour les autres est indispensable. » Depuis 2022, le programme « Faire entendre sa voix » prévoit des formations avec des associations territoriales mais aussi des outils en faveur de l'insertion professionnelle (développés avec France Travail) et des actions de sensibilisation auprès des entreprises. Ce programme a obtenu en 2023 un « World down syndrome award » qui récompense les projets améliorant la vie des personnes avec trisomie 21 dans le monde.

« Aujourd'hui, beaucoup de personnes avec un handicap mental travaillent dans le secteur de l'hôtellerie-restauration et de la maintenance. C'est bien pour celles et ceux qui le souhaitent mais la prochaine étape est de leur permettre d'accéder à tous les métiers, à condition bien sûr d'être bien accompagnés », conclut Nathanaël Raballand, président de Trisomie 21 France.

* Enquête interne « Moi et le monde du travail » réalisée par Trisomie 21 France auprès de 173 personnes avec trisomie 21 ou avec une déficience intellectuelle (2020)

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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