« À cheval, je me sens libre comme l'air, c'est moi qui dirige ! J'ai l'impression qu'il me comprend, le moniteur me fait confiance, ça me fait trop du bien », confie Audrey. Cette jeune femme avec trisomie fait partie des (bien trop) rares personnes en situation de handicap qui peuvent pratiquer une activité physique.
En effet, en France, seuls 1,4 % des clubs sportifs sont accessibles ; par conséquent elles doivent parcourir, en moyenne, 50 kilomètres pour pratiquer la discipline qu'elles convoitent. Pour favoriser le « sport pour tous », Trisomie 21 France lance une campagne de sensibilisation le 17 novembre 2024, à l'occasion de la Journée nationale dédiée à ce syndrome qui concerne 50 000 de nos concitoyens.
Des sportifs mis à l'écart
« Quelques semaines après les Jeux paralympiques de Paris 2024, où en est-on pour l'accès au sport pour tous, partout, quel que soit le handicap ? », interroge ce réseau qui fédère une cinquantaine d'associations. La ferveur semble avoir laissé place à la désillusion... « Bon nombre de clubs ont encore des freins quant à l'accueil des personnes avec des troubles du développement intellectuel (TDI) », constate Trisomie 21 France. Résultat : elles sont souvent cantonnées dans des clubs ou des disciplines « à part », y compris pour la compétition, « en témoigne leur faible représentation aux Jeux paralympiques », selon elle. Pour lever ces freins, généralement dus à une méconnaissance, il faut « prendre le temps d'échanger et d'accompagner les responsables des clubs », poursuit le collectif d'associations.
Le sport : santé et dépassement de soi
Cet été, les Jeux de Paris 2024 « ont réuni les Français autour des valeurs de l'olympisme. Profitons de cet élan pour aller plus loin en nous rappelant l'idéal du projet olympique : éduquer les individus par le sport et, ce, sans discrimination d'aucune sorte », martèle-t-il. Leitmotiv ? « Le sport permet d'avoir une meilleure santé et du bien-être. Il apporte de la confiance en soi, le dépassement de soi, est riche en émotions, apprend à avoir l'esprit d'équipe, plus dans les compétitions. Le sport est très riche en rencontres, évite la solitude », répond Amaury, jeune nageur avec trisomie.
Des dispositifs pour un favoriser l'accès au sport
Ces dernières années, plusieurs dispositifs ont été mis en place pour faire rimer « sport et handicap », à l'instar des Maisons sport-santé, créé par le gouvernement en 2019 pour « favoriser la pratique de ceux qui en ont le plus besoin » (436 Maisons sport-santé : la guérison par le sport ?). Mais aussi du développement des sports inclusifs comme le Baskin, qui se pratique en équipe mixte composée de personnes avec ou sans handicap ; « une révolution dans le monde du sport collectif ! », se félicite Trisomie 21 France. Enfin, le programme « Club inclusif », lancé par le Comité paralympique et sportif français, vise à accompagner les clubs qui souhaitent ouvrir leurs portes aux personnes en situation de handicap (3 000 clubs inclusifs pour booster le parasport).
Les asso territoriales en renfort !
« Si toutes ces initiatives vont effectivement dans le bon sens, il reste encore beaucoup à faire, on ne peut se satisfaire des chiffres actuels », tempère Trisomie 21 France qui incite d'autres clubs à suivre le mouvement. C'est tout l'enjeu de sa campagne. De nombreux événements sont organisés à l'échelle locale par les associations territoriales du réseau pour sensibiliser et financer leurs actions. Tout au long de l'année, elles peuvent agir auprès des clubs en expliquant les spécificités de l'accueil des personnes avec TDI, en aidant à rédiger des documents adaptés ou en les mettant en lien avec des personnes intéressées par les activités qu'ils proposent. « Plus globalement, cet évènement est aussi l'occasion de donner de l'écho à la voix de ce public, afin de montrer que le sport est important pour eux. » Sera-t-elle (enfin) entendue ?
© Stocklib Denys Kuvaiev