Trottinettes : 9 % des accidents sont graves voire mortels

Ils ne sont plus les bienvenus à Paris. Traumatismes crâniens, lésions des membres supérieurs... Les "engins de déplacement personnel motorisé", notamment les trottinettes, sont responsables d'accidents aussi sévères qu'à moto ou à vélo.

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Il reste un peu moins de deux mois à Lime, Dott et Tier pour quitter la capitale. A Paris, les trottinettes en libre-service vont être interdites à compter du 1er septembre 2023, à la suite du référendum du 2 avril 2023. De quoi rassurer certaines personnes en situation de handicap, notamment moteur et visuel (Lire : Trottinettes électriques libre-service : galère des aveugles ), mais aussi les médecins des services d'anesthésie-réanimation de l'hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et les chercheurs de Sorbonne Université et de l'Inserm ? Ces derniers, réunis dans le groupe de recherche « Traumabase », ont étudié la gravité des blessures liées aux accidents avec un engin de déplacement personnel motorisé (EDPM), comme les trottinettes électriques, monoroues, gyropodes, hoverboards, qui ont fleuri un peu partout dans les métropoles depuis 2018 (date de l'introduction du libre-service en France).

Des accidents multipliés par 3 en 4 ans

Les accidents qui les impliquent sont-ils aussi graves que ceux survenant à deux roues (vélos et motos) ? « Oui », tranche l'étude publiée le 30 juin 2023 dans la revue médicale JAMA Network Open. 5 233 patients d'un âge médian de 33 ans, admis dans l'un des 26 centres de traumatologie intégrés dans l'enquête, y ont participé. Véritable enjeu de santé publique, les accidents à bord de ces engins ont été multipliés par 2,8 en quatre ans, avec 229 patients gravement blessés sur cette période. Une tendance à la hausse qui s'explique par l'expansion de ce nouveau moyen de mobilité urbaine. Résultat, près de la moitié des conducteurs d'EDPM (45,5 %) présentent des blessures aussi sévères que celles des conducteurs de moto, en dépit d'une vitesse a priori moindre. Autre découverte : ces usagers sont deux fois plus à risque de présenter des traumatismes crâniens, « lesquels sont plus graves que ceux des motocyclistes, possiblement en lien avec le fait que moins de 25 % des usagers d'EDPM portaient un casque au moment de l'accident », rapporte l'étude.

Traumatismes crâniens et lésions des membres supérieurs

Deuxième facteur aggravant : le contexte d'alcoolisation, supérieur au seuil légal (0,5g/L) dans un tiers des cas. Preuve de la gravité des accidents, les patients admis en centres de traumatologie ont dû bénéficier d'une opération pour les deux tiers d'entre eux, impliquant notamment une chirurgie réparatrice ou neurochirurgie. D'après un rapport de l'Académie nationale de médecine sur l'accidentologie liée à l'usage des EDPM, publié en novembre 2022 et dont s'est inspiré Traumabase, les traumatismes crâniens et les lésions des membres supérieurs sont les plus fréquents. En cause : une chute en avant qui rend la tête, les bras et les mains très exposés. 9 % des personnes gravement accidentées sont même décédées. « Cela montre que les usagers d'EDPM doivent être considérés, dès leur évaluation initiale, comme de potentiels traumatisés sévères et ce en dépit du fait que les EDPM ne sont pas toujours classés comme capables d'engendrer une cinétique élevée », défendent les membres de Traumabase.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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