Comment faciliter la prise en charge diététique d'un patient avec des troubles du spectre de l'autisme (TSA) ? L'association CoActis Santé, en partenariat avec la Fondation OVE, publie, fin mars 2023, une nouvelle fiche-conseils Handiconnect destinée aux diététiciens et, plus largement, aux professionnels de santé. Au-delà des points de vigilances, cet outil offre des pistes afin de favoriser l'accès à la santé de tous. Au sommaire : des conseils concrets et des outils utiles à télécharger dans le cadre d'un suivi des comportements alimentaires.
L'influence des TSA sur l'alimentation
« Les particularités de fonctionnement des personnes présentant des TSA peuvent influencer leurs comportements alimentaires et les temps de repas, c'est le cas de plus de 80 % des enfants concernés », explique la fiche en préambule. Cette population est particulièrement touchée par des troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil, TDAH (troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité), épilepsies ou encore comorbidités psychiatriques. « Les conséquences sur le plan nutritionnel et social nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire, et notamment diététique, dès le plus jeune âge », poursuit-elle. Ainsi, les TSA peuvent avoir un impact sur l'alimentation, notamment en raison d'altérations sensorielles (dans 90 % des cas*), d'intérêts spécifiques et restreints, de néophobie alimentaire, de difficultés de mastication et de déglutition...
Les conséquences possibles
En conséquence, nombre de personnes autistes ont des difficultés à intégrer de nouveaux aliments (avec un risque éventuel de carences), des temps de repas socialement compliqués, des troubles du comportement alimentaire, un risque de surpoids et d'obésité ou, à l'inverse, une perte de poids, voire une dénutrition... Elles peuvent également être confrontées à un trouble Pica (caractérisé par l'ingestion durable, pendant plus d'un mois, de substances non-nutritives et non-comestibles comme de la terre, du papier, du sable...) ou encore un accompagnement à l'alimentation, voire une dépendance pour se nourrir.
Les leviers d'action envisageables
Face à ce constat, quels leviers d'action possibles ? « Avant tout, il faut réaliser un bilan orthophonique (bilan déglutition et mastication), bilan dentaire et établir un profil sensoriel », recommande la fiche Handiconnect. Elle incite également à agir sur l'environnement et le matériel utilisé pour « rendre le temps de repas le moins anxiogène possible et augmenter la réceptivité de la personne » mais aussi à ritualiser (temps de repas, type de couverts, placement à la table…), séparer les aliments dans l'assiette et éviter les plats en sauce pour diminuer l'effort visuel et sensoriel. L'introduction d'un nouvel aliment doit également respecter certaines conditions : « Afin que sa présence soit tolérée par la personne, présenter le nouvel aliment sur sa table, puis proche de son assiette. Le laisser manipuler (toucher, sentir, regarder) puis, peu à peu, l'inciter à l'introduire dans sa bouche jusqu'à son acceptation. Cela peut être long et parfois nécessiter de s'y reprendre à 20, 30 ou 40 reprises », précise le texte.
Encourager et féliciter !
Enfin, dernier point et non des moindres : « Toujours encourager et féliciter la personne, la motiver par l'utilisation de renforçateurs alimentaires » (bonbons, pop-corn, chocolat...) mais avec parcimonie, en tenant compte de leur impact sur la santé. « En cas de 'comportement-défis' (déstabilisants, ndlr), il vaut mieux proposer à la personne de quitter la table pour qu'elle puisse s'apaiser plutôt que d'insister et la contraindre. Les rigidités alimentaires ne sont pas des caprices ou une tentative de manipulation de la part de la personne », rappelle la fiche.
* Volkert, V.M. and Vaz, P.C. (2010) Recent Studies on Feeding Problems in Children with Autism. Journal of Applied Behavior Analysis, 43, 155-159