« Secteur du handicap à bout de souffle. » Ce slogan a défilé, entre autres, dans les rues de Lyon le 15 juin 2022 à l'occasion d'une grande mobilisation du collectif Handicap 69 qui réunit 37 associations locales. Mais le constat est identique dans tous les départements qui, depuis des mois, déplorent une pénurie de personnels qualifiés. Malgré la Conférence des métiers organisée en urgence en février sous la houlette de Jean Castex (article en lien ci-dessous), cette crise majeure, sans précédent, n'est toujours pas réglée, et la situation reste critique pour les métiers de l'humain. Le 16 juin 2022, Nexem, principale organisation professionnelle des employeurs associatifs du secteur social, médico-social et sanitaire avec 11 000 établissements, tire une nouvelle fois le signal d'alarme.
Des versements en attente
Même si une « première avancée importante » avait permis de débloquer une enveloppe de 720 millions d'euros dédiée à la revalorisation des salaires des professionnels de la filière socio-éducative, « une grande majorité des établissements et services du secteur social et médico-social n'ont toujours pas reçu les versements permettant de les financer », déplore Nexem. Les associations gestionnaires sont alors tenues de faire des « avances de trésorerie », situation jugée « intenable » qui les oblige à « engager des actions contentieuses ».
Démission, burn out, épuisement
« Face aux mouvements sociaux, aux démissions, aux burn out et à l'épuisement de professionnels, par ailleurs durement touchés par la hausse générale des prix, les employeurs ne pourront être tenus responsables des graves dysfonctionnements qu'ils dénoncent depuis très longtemps et qui mettent déjà en péril l'activité de leurs établissements et services », prévient Nexem. Cette situation altère gravement l'accompagnement des personnes handicapées, des enfants placés, des personnes âgées en perte d'autonomie, des adultes protégés et de tous les Français en situation d'exclusion sociale. Au-delà, cette crise alimente une autre crise structurelle, celle de la perte d'attractivité de ces métiers qui n'a semble-t-il pas été épongée par la grande campagne nationale de recrutement, lancée par le gouvernement en mars 2022 (article en lien ci-dessous).
Une grande colère
Au-delà de l'urgence, Nexem réclame deux autres mesures : la mise en place d'un comité interministériel de suivi des engagements de février 2022 et un « plan Marshall » construit en concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux du secteur. « Nous sommes en colère face aux promesses non tenues du Ségur, en colère face au manque de considération, en colère face à l'absence de perspectives. Le temps des vœux pieux doit prendre fin », a déclaré Alain Raoul, président de Nexem.